Cette petite histoire suit une aventure de Callisto seule, peu de temps après la fin de la Guerre des Ethnies
LE PIANO
Callisto défit les sangles qui enserraient son ventre et retira son encolure du collier de trait. Maintenant à l'air libre, sans ces harnais et le poids de la charrette, elle s'étira longuement et leva le mufle vers le ciel. Ils étaient enfin arrivés dans les Ruines, après un si long trajet, c'était presque inespéré.
« Un peu d'aide ? »
Non sans soupirer insolemment, elle aida son compagnon de voyage, un gros cheval du nom de Igor, à défaire ses harnais à son tour. Tous les deux venaient de Varkens. Ils se connaissaient pour avoir discuté autour d'un verre dans un bar et s'être échangés leur projet respectif. Callisto, depuis qu'elle avait posé le pied à Varkens pour s'y établir pour de bon avec ses amis Lyanna, Aaron et Kale, n'avait qu'une idée en tête : ouvrir son bar et monter son orchestre. Et dès qu'elle avait débarqué dans le village du Nord, elle s'était mise en quête de monter tout son plan. Elle avait dégotté la bâtisse parfaite, dans un état déplorable mais sur un emplacement stratégique qui frisait la perfection. Et maintenant que les travaux étaient lancés pour rénover l'ancienne boutique de chapeaux, elle s'était mise en tête de partir en expédition dans les Ruines pour trouver du matériel, n'importe quoi, pourvu que cela lui serve et confère à son futur bar une valeur ajoutée.
Elle s'était donc associée à cet Igor, qui lui était bâtisseur et comptait faire un tour dans les Ruines pour trouver des matériaux de construction. A deux sous forme équine, ils pouvaient tirer la charrette et un poids conséquent sur une longue distance. Il n'était pas bavard, mais c'était tant mieux, Callisto ne voulait pas risquer de se trimballer une pipelette pour le voyage. Une fois détachés, ils cachèrent la charrette sous une bâche dans une ruelle envahie de ronces, et vérifièrent une dernière fois la carte des lieux. Ils comptaient explorer deux régions différentes et s'étaient donnés rendez-vous quatre jours plus tard à la charrette pour le voyage de retour. Ils se serrèrent la main, satisfaits de leur marché et partirent dans deux directions différentes.
Callisto s'était assez peu rendue dans les Ruines. Du temps où elle était une musicienne itinérante, elle s'arrêtait seulement aux villages. Quel public pouvait-il bien y avoir dans un tel désert ? Mais maintenant que la brune s'était lancée dans une reconversion professionnelle, les Ruines brillaient d'un tout éclat à ses yeux. Le premier après-midi, elle ne fit que marcher dans les rues désertes, son sac à dos bien juché sur son garrot. Elle tendait l'oreille, écoutait les cris des faucons, observait la lumière qui se reflétaient dans les vitres. Elle s'arrêta devant ce qui à nous aurait paru être une église, mais qui à elle paraissait être une forteresse sophistiqué. Elle y trouva des fragments de vitraux de diverses couleurs et y jeta son dévolu. Le plan de son bar se dessinait dans sa tête à mesure qu'elle trouvait des petits objets, mais pour le moment, elle n'avait pas trouvé la perle rare. Après tout, il restait encore un peu plus de trois jours devant elle.
Le soir, elle s'arrêta dans un grand immeuble. Elle y entra par l'une des fenêtres du rez-de-chaussée, mit la main à son glaive en cas de rencontre impromptue, mais le bâtiment semblait vide. Elle gravit deux étages par les escaliers de béton et s'installa dans l'un des anciens appartements pour bivouaquer.
Le lendemain matin, elle se leva aux aurores et dévala les marches pour reprendre les explorations. Pourtant, une étrange sensation l'habitait. Quelque chose lui disait qu'elle n'avait pas tout vu dans cet immeuble abandonné. Quelque chose l'attendait. Elle tourna les talons et ravala les marches dans le sens inverse. Elle arriva au deuxième étage, s'engouffra dans les couloirs, essaya des portes, certaines étaient fermées, d'autres ouvertes mais ne donnaient que sur des pièces vides. Il y en avait une revanche... La dernière, tout au fond du couloir plongé dans la pénombre, une pression sur la poignée, c'était tout, et la porte s'ouvrit. Callisto s'engouffra dans le dernier appartement.
Lui aussi était vide ou presque. Des feuilles illisibles et recouvertes de saletés jonchaient le sol. Il y avait les restes d'une étagère en fer dans un coin. Elle se sentit attirée par la pièce d'à côté, et lorsqu'elle découvrit la chose qui l'y attendait, elle haussa un sourcil.
C'était une table noire. Elle était si épaisse qu'elle semblait pouvoir contenir un coffre. Plantée sur trois pieds, elle trônait dans la pièce comme une reine sur son royaume dévasté. Callisto s'en approcha. Elle fit passer ses doigts sur la surface polie et sentant une petite fente sous son index, elle comprit que la table s'ouvrait par le dessus. Elle déploya le couvercle, et en penchant le nez à l'intérieur, elle trouva une rangées d'innombrables ficelles de fer tendues dans une disposition extrêmement précise. Si précise que cette vision ne fut pas sans lui rappeler les cordes de son violon. Et cette simple pensée la fit frémir.
Elle referma le couvercle et s'approcha du bout de la table. Elle y trouva encore une ouverture, cette fois-ci étroite et basse. En-dessous se cachait un trésor de noir et de blanc : ici, non pas une rangée de cordes, mais de palets blancs comme du lait, ou noirs comme la nuit. Envahie d'une pulsion incompréhensible, la musicienne approcha ses doigts, et appuya sur l'une des touches dans un mouvement délicat et fasciné. Et lorsqu'un fa grave s'échappa du cœur de la table, le corps de Callisto frémit comme une cymbale.
« Les mains en l'air ! »
Callisto sentit soudain une pointe froide dans son dos. Sa poitrine surchauffa de colère d'avoir été interrompue dans un instant si précieux. Mais consciente de sa position vulnérable, elle leva les bras. Elle cracha néanmoins :
« Tu connais pas les règles des Ruines espèce de bouseuse ? Le premier qui trouve un objet le gagne, point barre.
-Parce que t'as cru qu'il était à personne ? Tu te fourres le doigt dans l'œil ma vieille. Il appartient au Maître.
-Je m'en fous de ton Maître, rétorqua Callisto. S'il le voulait il avait qu'à le ramener chez lui. »
Elle se tut lorsque la lame caressa sa gorge et que l'intruse lui tint la tête en arrière en lui agrippant les cheveux. Une folie habitait la voix de son agresseuse lorsqu'elle lui susurra :
« Tu parles pas comme ça du Maître, tu m'entends salope ? Pas comme ça... Pas comme ça...
-Lâche-moi putain ! S'écria la brune en attrapant le poignet qui tenait le couteau sous sa gorge. OK ! Très bien ! Emmène-moi à lui et on va bien discuter lui et moi ! »
La moutarde lui montait au nez. Elle n'avait jamais vu un tel objet mais elle était sûr d'une chose : elle devait absolument le ramener à Varkens quoi qu'il en coûte. Elle regrettait amèrement de ne pas avoir emmené Kale et Lyanna. Ces deux-là à ses côtés, ils auraient réduit en miettes cette idiote et son maître de pacotille. Mais tant pis. Avec un couteau sous sa gorge, son glaive était hors de portée, et elle était à la merci de la folle. Elle n'avait plus d'autre choix que de faire comme ce crétin d'Aaron et de parlementer. La fille resserra son poing autour de son couteau.
« Tu crois qu'on peut le rencontrer comme ça ? Tu crois que le Maître en a quelque chose à foutre de voir une connasse qui veut lui voler son piano ?
-Son quoi ? Son piano ? C'est comme ça que ça s'appelle ?
-Seize ! »
La voix était nouvelle et masculine. Elle venait de la pièce d'à côté.
« Cinq ! Cria la fille. J'ai attrapé une voleuse ! Elle rôdait autour du piano !
-Putain mais vous êtes combien dans cette baraque ?! S'écria Callisto. J'ai atterri dans un asile ou quoi ?
-Seize, attache-lui les poignets, poursuivit l'homme. C'est un chasseur de trésors ?
-J'sais pas. J'm'en fous. Elle est dangereuse. »
Quand on lui attacha les poignets dans le dos et qu'on lui confisqua son glaive, Callisto put enfin se retourner et regarder le visage de ses agresseurs. Elle retint un hoquet de surprise lorsqu'elle vit qu'il était recouvert d'un masque sur lequel était peint le nombre par lequel ils s'appelaient. C'est quoi ce bordel ?
« Une borgne ? Dit l'homme.
-T'as un problème avec les borgnes ? Feula la brune. EH ! ME TOUCHE PAS ! »
Mais l'homme n'en eut cure de ses menaces et souleva son cache-œil en cuir. Il regarda ses cicatrices brunâtres et son grain de beauté sur sa pommette, épargné par les griffes d'Alastor. Callisto siffla entre ses dents serrées :
« Ecoutez les marioles. Je sais pas qui vous êtes ni à quoi vous jouez avec vos cagoules à la con, mais ce truc là, ce piano, votre maître n'a peut être aucune idée de ce que c'est, et ça me briserait le cœur qu'il le laisse pourrir dans les Ruines. Laissez-moi aller discuter avec lui.
-Ta gueule toi ! Brailla la fille. Tu l'auras pas, c'est tout !
-Attends Seize, interrompit le-dit Cinq. Si c'est une musicienne peut être que... Oh... »
Il s'arrêta soudain et souleva de nouveau le cache-œil de Callisto. Cette dernière regrettait amèrement que les deux lascars portent des masques, elle était par conséquent incapable de décrypter les expressions de leur visage. Cinq tourna subitement les talons.
« Changement de programme Seize. On l'emmène à la forteresse.
-Quoi ? Mais...
-Seize, tu oses discuter les ordres d'un supérieur ?
-Non... »
Et sans avoir le temps de protester, Callisto se retrouva avec un sac sur la tête qui l'empêcha de voir quoi-que-ce-soit. Elle fulminait de ne rien comprendre, qui étaient ces gens, qui était ce maître et sa forteresse, et pourquoi soudainement on l'emmenait là-bas sans demander son reste, rien qu'en regardant son œil déchiqueté. Mais désarmée et désorientée, elle n'eut pas d'autre choix que de se laisser guider à travers les Ruines aveuglée par le sac. Ils marchèrent assez longtemps, d'une manière assez étrange puisqu'ils ne cessaient de s'arrêter, de se baisser, d'attendre des signaux et d'emprunter des passages toujours plus étroits. Finalement, après ce qui lui sembla être une éternité, Callisto et ses geôliers semblèrent descendre en sous-sol en dévalant des escaliers de béton. L'air devint soudain beaucoup plus frais et Callisto ne parvint même plus à distinguer les rayons du soleil à travers le tissu. Il lui sembla d'ailleurs qu'ils se mettaient à croiser d'autres personnes, à qui Seize et Cinq n'adressaient qu'un simple mouvement du bras. Leurs pas résonnaient en écho comme s'ils marchaient dans une grotte infinie. Ils s'arrêtèrent finalement.
« Nous avons besoin de voir Un. » Dit soudainement Cinq.
C'est une voix en face d'eux qui répondit :
« Bien. Mais le Seize doit rester à l'extérieur. »
La fille lâcha brusquement le bras droit de Callisto comme un chien que l'on réprimandait et recula de quelques pas. Callisto et Cinq entrèrent seuls dans une nouvelle galerie. Ils empruntèrent de nouveau un escalier, cette fois-ci interminable et en colimaçon qui sentait l'humidité. Cinq poussa une lourde porte, tout devint plus clair à travers le tissu, et l'air se mit à sentir incroyablement bon. C'était une odeur de bois, de vieux papier, et de cuir fraîchement graissé. On poussa Callisto à genoux sur une surface plus douce, et Cinq l'abandonna un instant pour s'avancer plus loin dans la pièce. De nouveaux pas retentirent, qui venaient vers eux, et Callisto perçut des chuchotements que malheureusement elle ne put comprendre. Cinq prit congé après un long échange, et Callisto demeura seule avec le Maître.
Elle ne pouvait que l'admettre : la brune ne sentait pas à l'aise. C'était bien ce qu'elle avait demandé, mais à présent, elle était piégée dans de drôles de bâtiments, bien cachés si elle en croyait tout le schmilblick qu'avait été leur marche pour les atteindre, dans une organisation plus que louche. Elle espérait de tout cœur de cet individu en face d'elle se montrerait un peu plus conciliant. Car son piano, elle y tenait toujours.
« J'étais plongé en pleine contemplation de la ville quand l'on vient me quérir pour une affaire ! » S'exclama tout-à-coup celui qu'ils appelaient Un.
Il avait une voix grave et suave, presque enthousiaste. Callisto ne se laissa pas intimider et clama avec la plus grande des franchises :
« Ouvrez grand vos écoutilles parce que j'ai pas envie de me répéter encore une fois. Je fais des fouilles dans les Ruines et en explorant un bâtiment dans le secteur Sud-Est je suis tombée sur votre piano. Enfin je dis 'votre' parce que c'est que vos abrutis de sous-fifres m'ont fait compren... Eh puis d'ailleurs vous allez être gentil et me retirer ce truc de la gueule parce que c'est très chiant de causer dans le noir !
-Veuillez m'excuser, je le fais de suite. »
Callisto sursauta presque, surprise par la réponse de l'homme. Elle revit enfin la lumière du jour et cligna des paupières. Elle ne put s'empêcher d'entrouvrir la bouche de stupéfaction. Elle était de retour sur les hauteurs, dans un appartement en étage dans l'une des tours des Ruines. C'était une superbe pièce, même chez Salomon elle n'avait jamais vu tant de luxe et d'élégance. Les sols étaient recouverts de tapis aux motifs orientaux, et les murs, de tableaux et d'étagères de livres. Dans un coin, il y avait un bureau orné, d'anciennes lampes à pétrole sur la fausse cheminée de marbre, et près de la grande fenêtre l'on y trouvait d'épais fauteuils de cuir, couronnés sur le mur d'une ramure de cerf. Et au milieu de tout cela, il y avait le Maître. Il portait lui aussi un masque, lui surmonté d'une plume de cygne, arborant bien sûr le chiffre Un, mais contrairement à ses sous-fifres il était habillé d'une manière des plus distingués, de vêtements que seuls des hauts membres du Conseil de Ewilem auraient osé porter : une chemise blanche immaculée, une veste bleue marine impeccable et un foulard de soie. Callisto demeura sans voix pendant quelques instants, alors Un en profita pour prendre la parole :
« Pardonnez-moi, je sais qu'accueillir un invité en étant masqué manque cruellement de savoir-vivre, mais ce n'est qu'une simple mesure de précaution que moi et les miens avons l'habitude de prendre. Alors, vous disiez avoir trouvé mon piano à queue dans un immeuble et vous souhaiteriez discuter affaires avec moi ? Mais savez-vous seulement quelle valeur a cet instrument ?
-Ha ! Bien sûr que je le sais, se défendit Callisto en soutenant le regard à travers le masque. C'est bien la première fois que j'en vois un, mais j'en avais déjà entendu parler. Et c'est probablement vous qui n'avez aucune idée de sa valeur. Je doute que vous ne sachiez en jouer d'ailleurs. »
Un rit avec élégance.
« Et vous ? Savez-vous en jouer ?
-J'ai jamais pu y toucher mais... Est-ce que c'est un trombone à coulisse ? »
Callisto se hissa sur ses genoux pour regarder par-dessus l'épaule de son interlocuteur et observa l'instrument à vent sur le bureau avec des yeux illuminés. Un se retourna et rit.
« Je vois que vous êtes une connaisseuse.
-Je pensais pas en revoir de sitôt ! S'exclama Callisto qui avait perdu toute son agressivité. Merde alors, vous en jouez ?
-Je suis un grand amateur de cuivres. »
Callisto pouvait presque percevoir son sourire à travers son masque. Quant à elle, elle avait complètement oublié son animosité pour ce groupe de masqués. Il n'y avait plus qu'elle et cet homme tout-à-fait fascinant, ce mélomane en possession de superbes instruments tout en étant un fin connaisseur. Un se glissa derrière elle et détacha ses liens.
« Je crois que cela ne sert plus, se justifia-t-il. Voulez-vous l'essayer ?
-Avec plaisir ! Je suis plus familière avec les cordes mais ma foi... »
Elle retrouva alors devant le bureau avec cet homme, l'imposant instrument de métal porté à ses lèvres. Ils passèrent bien une demi-heure à s'essayer à l'instrument, pour que Callisto s'y habitue, y cale son souffle et parvienne à délivrer des notes correctes. L'expérience lui était absolument fabuleuse. Jamais elle ne croyait pouvoir s'essayer à des instruments si rares et précieux, surtout depuis la mort de ses parents. Elle se mettait à rire avec Un, comme deux vieux camarades ou compagnons d'orchestre. Elle ouvrait son cœur et ensemble ils parlaient de leur passion commune pour la musique, ils s'échangeaient des titres de morceaux classiques que tout mélomane avait déjà entendu dans sa vie, et riaient de leur culture commune.
« Quel est votre nom ? Lui demanda Un avec gentillesse.
-Callisto. J'ai été musicienne itinérante avant la guerre.
-Alors Callisto, je suis ravi de faire votre connaissance, cela fait des années que je n'ai pas échangé avec un amateur de musique. Un véritable amateur de musique dois-je dire.
-Je dois vous avouer qu'avec cette histoire de piano je me sens un peu perdue, souffla Callisto en caressant l'or du trombone. Je l'adore et je le convoite encore, mais... Je sais pas, j'ai plus de sympathie pour son propriétaire maintenant. »
Il y eut un silence, où Un ne fit que dévisager la brune. Il dit soudain :
« Callisto... Callisto... Je vais faire quelque chose que je ne fais jamais. Restez encore quelques temps dans la Forteresse, je vous y invite à mes propres frais. J'ai encore beaucoup de choses à vous faire découvrir, et ainsi nous pourrons discuter encore de cette affaire de piano. »
Un grain de méfiance s'éveilla soudain en elle. Elle perdit son sourire et dévisagea Un avec plus de distance.
« Je...
-Oh, attendez, je comprends votre méfiance. Laissez-moi y remédier. »
Un porta ses mains à l'arrière de sa tête et détacha les liens qui retenaient son masque. Il le quitta doucement et dévoila enfin son vrai visage à Callisto. C'était un homme approchant la quarantaine probablement. Il avait des traits fins, une chevelure brune et de superbes yeux verts qui pouvaient bien rivaliser avec ceux de Kale. Il était très souriant, très charmant. Il leva le regard vers Callisto et lui souffla dans un air d'intimité :
« Ici je me fais appeler Un. C'est la procédure en vigueur entre les murs de la Forteresse. Mais vous Callisto, vous pouvez m'appeler par mon vrai nom. Je me nomme Hypsos. »
Connaître enfin le visage et le nom de Hypsos rassura quelque peu la jeune femme, mais quelque chose ne tournait toujours pas rond. Il n'y avait qu'à se rappeler le titre de Maître que tous semblaient accorder à cet homme. Et avec tout le labyrinthe qu'elle avait traversé pour parvenir à cet appartement, il lui était difficile d'accorder son entière confiance à l'homme qui lui demandait de rester à ses côtés, aussi charmant et mélomane soit-il. Voyant qu'elle hésitait, Hypsos revêtit une expression des plus douces et des plus amicales. Il ronronna avec tendresse :
« S'il-vous-plaît Callisto. J'adorerais discuter avec une musicienne telle que vous.
-Bon... Bon très bien, consentit enfin Callisto. Juste une soirée. »