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 Belle comme le jour

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Ra' Aden
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Ra' Aden


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MessageSujet: Re: Belle comme le jour   Belle comme le jour - Page 2 EmptyJeu 11 Nov 2021 - 22:57

Toujours aussi bien Belle comme le jour - Page 2 2628749279
Je trouve le personnage de Kob super intéressant
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Elv
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MessageSujet: Re: Belle comme le jour   Belle comme le jour - Page 2 EmptyJeu 11 Nov 2021 - 23:11

Héhéhé je pense le faire revenir dans les rps d'ailleurs  Belle comme le jour - Page 2 1372387614
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Ra' Aden
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MessageSujet: Re: Belle comme le jour   Belle comme le jour - Page 2 EmptyJeu 11 Nov 2021 - 23:17

Il doit avoir un pied dans la tombe ce pauvre monsieur
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Elv
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MessageSujet: Re: Belle comme le jour   Belle comme le jour - Page 2 EmptyLun 15 Nov 2021 - 21:49

J'ai oublié de l'indiquer au chapitre précédent, mais la citation "De toutes les passions, la seule vraiment respectable me paraît être la gourmandise" est de Maupassant (pour que vous puissiez briller en société)  Wink

Janvier 34

Rosalie gravit péniblement les marches de l'escalier qui menait à sa demeure. Ah ça ! Si elle avait été si séduite par l'aspect de cette petite maison perchée en hauteur, dans son état actuel, elle maudissait chaque jour un peu plus ces marches de l'enfer qui en plus craquaient sous ses sabots. Elle était assez sereine, mais il fallait avouer qu'elle n'était pas rassurée à l'idée de faire une chute durant ces temps assez spéciaux pour elle. Elle avait négocié une période de repos à son travail, Isaac s'occupait dorénavant de ramener seul des victuailles à la maison. En revanche, il était impossible pour elle de rester enfermée dans la bâtisse de bois toute la journée, et pour tuer le temps, au lieu de s'arracher les yeux à lire et relire les mêmes livres, elle allait se promener dans les coins calmes de la forêt de Ewilem. Toujours étant qu'avec sa balade quotidienne, elle rentrait bien fatiguée à la maison, ce soir-là recouverte d'une épaisse couche de neige, et l'ascension de ces escaliers était pour elle le coup de grâce. Mais plus qu'une dernière marche, et elle était chez elle ! Arrivée en haut, elle joua des dents pour abaisser la poignée, et elle rentra chez elle.
Mais alors qu'elle s'attendait à plonger dans la lumière douce des flammes de la cheminée, dans l'odeur de vieux papier et d'épices, elle atterrit dans une petit fourmilière bruyante, toute éclairée en chandelles, tournant à pleine vapeur à la force des cerveaux qui surchauffaient autour de la table devant la cheminée. Ses oreilles se dressèrent de surprise en reconnaissant Haku, Carl, Anissa, Xavier, et enfin Isaac, affairés autour de piles d'écorces taillées et de gros pots d'encre et de colorant de fleurs. Toute le comité leva la tête en entendant la chevrette entrer, et Isaac bégaya :
« Ah ! Euh... Tu es déjà rentrée !
-Salut Rosalie !
-Hey !
-Coucou coucou !
-Salut !
-Euh... Hésita l'intéressée. Salut les gars. Mais attends Isaac, c'était ça ta fameuse réunion ? Je ne pensais pas qu'elle aurait lieu ici.
-Désolée Rosie, intervint Xavier. C'est de ma faute, c'était censé se passer chez moi, mais j'ai des dégâts des eaux. »
Rosalie sourit pour leur signifier qu'il n'y avait pas de mal, et Isaac et ses amis retournèrent à leurs affaires. Elle se nettoya les sabots méticuleusement dans le bassin dans l'entrée pour ne pas salir la maison (tous les invités s'étaient d'ailleurs appliqués à retirer leur chaussures en entrant), et s'approcha à son tour de la table. Carl et Anissa étaient assis, un pinceau à la main et leur langue coincée dans un coin de leur bouche, occupés à dessiner sur les morceaux d'écorces de bouleau. Pendant ce temps, Isaac, Haku et Xavier débattaient.
« Non non non ! Le nez tu dois le faire plus gros. C'est un buffle ce mec, il faut qu'il soit reconnaissable.
-Mais il ne faut pas exagérer tout de même ! Là on déborde vraiment sur de la méchanceté gratuite. Oh et puis bravo la grossophobie Anissa ! Fais-le encore plus gros pendant que t'y es !
-Haku, c'est une caricature. Evidemment qu'il faut exagérer les traits.
-Cette fois Rose ça va être génial ! S'exclama Isaac en s'adressant à sa compagne. Après la manif', on va lancer des tracts avec des caricatures des sénateurs depuis les toits et asperger les portes de la salle du Conseil avec de la peinture ! »
Rosalie ouvrit grand les yeux, excitée par cette idée. Elle ricana avec les autres, songeant surtout que jamais Isaac n'y aurait pensé si Kob était encore membre du Conseil, ce qui n'était plus le cas depuis déjà un an. Toutefois elle eut un pincement au cœur en songeant qu'elle ne pourrait pas participer à cette marche-là. Xavier sembla le remarquer car il lui confia avec un sourire sincère :
« Les manifs sans toi Rosalie c'est plus pareil.
-Ouais ! Renchérit Anissa. Tu nous manques trop ! Pour se donner du courage, on n'arrête pas de repenser au moment où t'as lancée une citrouille pourrie à la figure du chef de la milice.
-Vous êtes adorables, fit Rosalie. Moi aussi j'ai hâte de reprendre avec vous. »
Le regard de Haku glissa des grands yeux de la chevrette jusqu'à ses épaules, puis son ventre. Il le contempla un instant et ouvrit la bouche sans en sortir aucun son, comme une carpe. Du regard, Rosalie l'invita à dire ce qu'il avait en tête, même si elle savait quel sujet il allait mettre sur le tapis. Il dit, un peu gêné :
« Mais euh... Alors comme ça, tu es bloquée sous forme de chevreuil ? C'est pas compliqué pour ton travail ? »
Rosalie et Isaac rirent dans leur barbe. Haku était le seul qui n'avait pas revu la jeune femme depuis le début de sa grossesse. La voir débarquer sous cette forme devait l'avoir un peu surpris, car pour deux artisans de la ville, il aurait été attendu qu'ils sauvegardent leurs mains pour les neuf mois à venir. Mais pour Rosalie malheureusement, ce ne fut pas le cas.
« C'est un accident à vrai dire, expliqua-t-elle. C'était pas prévu que je reste bloquée ainsi. Tu aurais dû voir la tête du docteur en chef quand je suis venue lui annoncer que je devais arrêter le travail. Il était vert de rage.
-Eh bien tant pis pour lui, rétorqua Anissa. Je te vois mal faire des opérations avec tes petits sabots.
-Ouais. Mais je dois avouer que je m'ennuie comme un rat mort. Alors je fais ce que je peux pour m'occuper, partir à la cueillette, faire les courses... J'aurais aimé continuer les marches avec vous, mais j'ai un flic à la maison qui me surveille comme si j'étais une ado en crise.
-Je peux pas te laisser aller risquer ta vie alors que tu es encein...
-Ca va Isaac ! Ca va ! Je plaisante ! » S'exclama la blonde en frottant sa tête contre le ventre de Isaac.
Ils n'en tinrent pas rigueur l'un à l'autre. C'était dans leur habitude de se lancer des piques. Mais Rosalie avait l'intime conviction que dès que cela parlait du futur troisième membre de cette maison, Isaac prenait le sujet un peu trop à cœur et avait la fâcheuse tendance à s'inquiéter pour tout et rien. Au début, Rosalie s'en amusait et en profitait pour le faire tourner en bourrique, à le quérir pour qu'il aille lui chercher des fraises en plein milieu de la nuit. Mais le voir partir chaque matin, ou chaque soir quand il assurait le service de nuit, pour aller travailler et revenir de longues heures plus tard, épuisé, lui donnait l'impression qu'elle était un poids mort pour la maison.
« Bon sérieusement, coupa Carl. Il est prévu pour quand le choupinet ?
-Ou la choupinette, trancha Anissa.
-Début juin normalement, indiqua Isaac.
-J'ai trop hâte de le voir ! S'exclama Xavier en s'agenouillant à côté de Rosalie pour toucher ses flancs un peu gonflés sans aucune gêne. Avec de tels parents, ce sera un petit gaillard, c'est sûr !
-Ou une petite gaillarde ! Renchérit Anissa en fusillant Xavier du regard.
-En plus, il va naître en faon, il va être capable de galoper comme une canaille dès le premier jour, poursuivit-il. Il faudra bien le garder à l'œil ! »
Isaac et Rosalie se jetèrent un regard furtif, amusés par les cabrioles de leurs amis autour de leur couple et des première fondations de leur future famille. Plus tard dans la nuit, lorsque chacun était rentré chez soi, ils en discutaient encore.
« C'est vrai qu'on y a jamais réfléchi, dit Isaac en se déshabillant. Et si c'était une petite terreur ?
-Tu trouves qu'on est des terreurs ? Demanda Rosalie, couchée en vache dans le lit et un livre ouvert devant elle.
-Moi non, mais toi... »
La chevrette attrapa l'oreiller entre ses dents et le lança à travers la pièce pour qu'il percute au visage hilare de ce jeune importun. Mais son cou était bien plus imprécis qu'un bras et le coussin s'écrasa mollement dans les pots de peinture dans un 'plouf !' coloré. Après l'avoir lavé et fait sécher (même s'il garderait une superbe trace rouge jusqu'à la fin des temps), Isaac vint s'asseoir aux côtés de Rosalie dans le lit. Il caressa son garrot duveté en regardant ce qu'elle lisait. La pauvre devait tenir une cuillère dans la bouche pour tourner les pages du livre.
« Qu'est-ce que tu lis ? Demanda-t-il.
-L'Iliade. Ch'est Kob qui me l'a prêté.
-Sacré morceau. J'ai pleuré quand Hector est mort.
-Merchi crétin.
-Oups.
-Tu recommenches et che te raconte la fin du Crime de l'Orient Exprech.
-Tu n'oserais pas... »
Il se transforma pour être à la hauteur de sa compagne. Même conscient que le petit n'était pas encore suffisamment développé pour cela, il posa sa tête sur ses flancs dans l'espoir d'entendre une vibration. Il ferma les yeux pour goûter à la douceur de son pelage et au calme de sa respiration. Apaisé, il murmura comme à lui-même :
« Hector... Hector c'est plutôt joli. »
Rosalie cracha sa cuillère d'effarement.
« Tu n'y penses pas !
-Quoi ?
-On ne va tout de même pas l'appeler Hector si c'est un garçon ! ''He-queu-taure''. C'est tout haché. Comme un coup de couteau.
-C'est quand même un héros valeureux. A moins que tu ne veuilles l'appeler Achille le grognon. Là on risque de se retrouver avec une terreur, oui.
-Non, je pensais à un autre prénom.
-Lequel ?
-Que penses-tu de Priam ? »
Les oreilles de Isaac tournoyèrent d'incompréhension. Il releva la tête et regarda sa compagne dans les yeux, un peu perplexe.
« Je t'avoue que j'ai du mal à saisir la signification là. Tu veux cinquante petits-enfants ? »
Rosalie percuta la blague et éclata de rire. Cela arracha un sourire au jeune chevreuil.
« Tu ramènes toujours tout au sens des choses, dit-elle. Laisse-toi porter par la poésie des mots plutôt. Tu ne trouves pas que ''Priam'', c'est une sonorité toute douce et toute simple ? C'est léger et sans prétention. On dirait le pas d'un enfant dans la neige. »
Isaac écouta ses explications en lui accordant le point. Mais il ne pouvait s'empêcher de penser au mythe et de trouver qu'il était singulier de donner le nom d'un père à un enfant. Il repensait en outre à la scène déchirante où Priam venait implorer Achille pour récupérer le corps profané de son fils, Hector.
« Et puis Kob a dit qu'il aimait beaucoup, gazouilla Rosalie l'air de rien.
-Tss. Il est tellement aux anges que tu sois enceinte qu'il accepterait n'importe quoi.
-Chht... Ne dis pas ça. Il a même affirmé que c'était le nom d'un roi, et que dans ce cas il aurait beaucoup de chance.
-Le roi d'une cité mise à sac, comme c'est ravissant... »
Rosalie se mit à lui mordiller les oreilles pour le faire taire. Ils chahutèrent quelques minutes avant que Rosalie ne s'écroule sur le matelas, épuisée par le poids entre ses hanches. Les deux chevreuils s'étendirent l'un contre l'autre, le souffle lent et le regard porté vers les dernières braises rouges dans la cheminée.
Isaac songeait durant ces instants que c'était peut être ça, ce qu'il avait attendu toute sa vie. Non pas la renommée, le succès, ou la Justice de ce monde. Tout cela, il ne les avait attendues, et il continuait de les attendre, seulement dans son nouveau souffle de partisan au progrès, comme membre de la société et esprit révolté. Mais en tant que shapeshifter, en tant qu'âme singulière et doux rêveur, c'était peut être ce qu'il avait tant recherché : c'était peut être ce feu paisible qui brûlait dans l'âtre et cette douce odeur de plantes et de vieux ouvrages ; c'était peut être la chaleur des draps et le silence des flocons qui tombaient derrière la fenêtre ; c'était peut être Rosalie qui s'endormait à ses côtés, le regard apaisé et le mufle caressant sa joue. C'était ici que Isaac avait trouvé son bonheur, et en regardant chaque soir Rosalie lire l'un des livres des étagères avec une grande tranquillité, il espérait qu'elle aussi goûtait à la même joie tranquille d'être à ses côtés. Et dans ses derniers instants de somnolence ce soir-là, comme pour répondre à cette question qu'il n'avait jamais formulé que silencieusement, Rosalie murmura un « je t'aime » à son oreille. Ils s'endormirent paisiblement, et au dehors, la neige tombait toujours plus.


Dernière édition par Elv le Lun 15 Nov 2021 - 22:22, édité 2 fois
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Ra' Aden
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MessageSujet: Re: Belle comme le jour   Belle comme le jour - Page 2 EmptyLun 15 Nov 2021 - 22:10

Aaaah j'adore les refs aux bouquins Belle comme le jour - Page 2 1f602
D'ailleurs pour le prénom, j'ai regardé Troie y a pas si longtemps et j'avais complètement oublié que le roi s'appelait Priam x)
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Elv
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MessageSujet: Re: Belle comme le jour   Belle comme le jour - Page 2 EmptyDim 21 Nov 2021 - 0:21

Mai 34


Isaac était si épuisé qu'il se sentait à deux doigts de s'écrouler de fatigue. Les pleurs d'enfants terrassés par la nervosité et l'ennui lui déchiraient les tympans, et ses mains se mettaient à trembler bien que la journée ne fût pas particulièrement froide. Il courait dans tout le bâtiment hospitalier, noir de monde, des mallettes de potions et de bandages dans les bras, et manquaient de faire une chute à chaque fois qu'il empruntait le vieil escalier en miettes. A vrai dire, le véritable centre de soin de Ewilem n'était pas dans un état aussi déplorable. Là où cavalait Isaac à s'en arracher les poumons ce jour-là n'était que le bâtiment de fortune en bordure de ville où s'étaient installés les médecins et infirmiers bénévoles pour venir en aide aux bas-fonds de la ville, faute de mieux. Durant le printemps, une épidémie de grippe avait frappé la capitale, et les malades faisaient la queue pour recevoir des soins. En plus des cris d'enfants et des plaintes des souffrants, il fallait compter les cris des infirmiers qui se hurlaient des indications et des demandes à travers les diverses pièces.
« ON A PLUS DE POMMADE ANTI-DOULEUR !
-QUI A ENCORE PRIS LES BEQUILLES ?!
-PUTAIN MAIS Y'A DU VOMI PARTOUT ! KARL C'ETAIT A TOI DE NETTOYER L'ENTREE ! »
Zen zen zen, se disait Isaac en prenant ne serait-ce qu'une seconde pour reprendre sa respiration. Il atterrit à côté d'un vieillard et lui demanda de quoi il souffrait en déballant un flot de paroles répétées une bonne trentaine de fois ce jour-là. Il prit sa température, écouta les battements de son cœur, vérifia ses réflexes, tout cela en se transformant en homme-poulpe qui dégainait des outils médicaux plus vite que son ombre, si bien que le vieillard fut plus effrayé par le médecin que son état de santé.
« Angine. Pas dramatique. Du repos. Soupes, boissons chaudes et miel, trancha-t-il.
-Je n'ai pas les moyens pour du miel...
-SABINE ! Cria le jeune médecin vers l'autre pièce. IL NOUS RESTE DES POTS DE MIEL ?!
-Y'EN A PLUS !
-Zut ! Eh bien vous vous contenterez de lait chaud, lui assura-t-il, et lorsqu'il le quitta, il ajouta à l'adresse de ses collègues : Merde à la fin ! On est déjà dans des conditions insalubres pour s'occuper des patients et maintenant on est en pénurie d'à-peu-près tout !
-Mais Isaac bordel c'est un centre de bénévoles ! Tu t'attendais à quoi ? A d'la charité ? Arrête de bouder et va t'occuper de la dame du fond. »
Isaac bougonna et s'aspergea le visage d'eau chauffée par l'air étouffant de la pièce avant de repartir à l'attaque. Il prit en charge une grosse femme peu aimable qui s'obstinait à marmonner ses symptômes plutôt que de les dire haut et fort, par-dessus de tout le vacarme dans le bâtiment. Même quand il la comprit enfin, il ne quitta pas son air blasé alimenté par la fatigue.
« Bon, mycoses vagi... Eh, ne prenez pas cet air offusqué, ce sont des choses qui arrivent.
-C'concerne pô les aut'gens ! Protesta la patiente rouge de honte.
-Il faut bien que je parle fort pour que vous puissiez m'entendre ! Alors vous prendrez de la...
-M'en fous bien mon p'tit gars ! Z'avez qu'à m'le dire dans l'oreille !
-Mais puisque je vous dis que... »
Mais il ne put achever sa phrase, car quelque chose, ou plutôt quelqu'un déboula dans l'hôpital en hurlant à pleins poumons :
« ISAAC ! ISAAC !
-QUOI ?! VOUS AUSSI VOUS AVEZ DES MYCOSES ?! » Explosa le jeune homme en se retournant.
Il fit silence et son visage perdit sa couleur violacée par la colère et la fatigue quand il percuta que le nouveau venu n'était autre que Kob, sous sa forme de baudet du Poitou, transpirant d'efforts et inspirant de grandes bouffées comme s'il venait de courir le marathon. L'âne pencha la tête sur le côté d'incompréhension, puis gémit :
« Mais non espèce de triple buse ! Ta femme a commencé le travail ! »
Il avait crié tellement fort qu'il y eu un grand silence dans la salle, dérangé seulement par le bourdonnement d'une abeille. Un grand frisson traversa le corps de Isaac, et il demeura tétanisé quelques instants. Il tourna ensuite la tête de tous les côtés, cherchant le regard de ses collègues présents, une quelconque approbation de l'abandon de ses fonctions en pleine heure de pointe. C'est Sabine qui brisa le silence en vociférant à son tour :
« MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS ENCORE LA ?! COURS ABRUTI ! »
Il était vrai qu'il n'avait jamais autant foncé de sa vie, même la fois où il fut poursuivi par la milice au sortir d'une manifestation. Il n'avait même pas pris le temps de se transformer, ni de quitter sa blouse de médecin. Les habitants de Ewilem voyaient juste passer une fusée blanche qui hurlait à pleins poumons que les gens se poussent. Kob ne l'accompagna que jusqu'à la moitié du chemin, forcé de retourner en clinique, puis lui brailla bon courage. Ah ça du courage, il lui en faudrait. La gynécologie et la maïeutique, c'était bien le seul art de la médecine qu'il n'avait jamais étudié, et le plus terrifiant de cette histoire était que son tout premier accouchement serait celui de Rosalie. Et pendant qu'il courait, à mesure qu'il s'approchait de la maison, ses pensées n'avaient de cesse de le harceler : Il va être prématuré ! Il va être prématuré ! Et si Rose faisait une fausse couche ? Et s'il était mort-né ? Oh non quelle horreur je ne peux pas penser à ça ! Rose n'en survivrait p... Oh ! Et si Rose ne survivait pas à la mise-bas... ? RAH NON ARRÊTE DE PENSER !
« ROSE ! Je suis là ! Ca y est ! Oh mon Dieu je suis tellement tellement désolé... »
Ce fut un grand soulagement de constater que la première chose qu'il vit en entrant dans la maison fut la sage-femme, en train de tranquillement se laver les mains dans la bassine. Il jeta un regard circulaire dans la pièce, et vit enfin sa bien-aimée. Rosalie était étendue sur le matelas qui avait été posé sur le sol. Ses yeux étaient clos, elle respirait profondément comme si elle soufflait des bougies qui se rallumaient incessamment. Son ventre volumineux se soulevait au gré de son souffle. Isaac tomba à genoux à ses côtés, le cœur battant, la vive impression en tête qu'il jouait tout son avenir sur les quelques heures qui allaient suivre. C'était si irréel. Elle allait être mère. Il allait être père.
Il caressa sa joue avec douceur et posa son front contre le sien. Elle ouvrit les yeux, la respiration saccadée, et plongea son regard tendre mais souffrant dans ses yeux clairs.
« Isaac... » Lui murmura-t-elle.
Il lui sembla qu'elle ravalait un sanglot, ce qui serra vivement son cœur. Elle éructa à voix basse :
« Je ne veux pas mourir comme ma mère... »
La gorge de Isaac se serra, et il murmura, aussi bien à elle qu'à lui-même :
« Tu ne vas pas mourir. »

Ses yeux étaient bleus comme le ciel. Il était minuscule, ses longues jambes maladroites repliées contre son corps, et son pelage fauve était parsemé de taches blanches alignées. Il papillonnait de ses paupières couronnées de beaux cils clairs, et son petit mufle mouillé était enfoui dans les couvertures. Il était si fébrile, si petit, si fragile que le simple fait de le toucher pouvait inquiéter de le briser en mille morceaux. Rosalie le léchait avec la plus grande des douceurs pour finir de le nettoyer après une mise-bas éprouvante mais tout de même bien déroulée. La jeune mère n'avait plus de forces, mais son tout nouvel instinct maternel la poussait vers son faon pour tenir encore et prendre soin de lui les première minutes de sa vie. Elle donna un dernier coup de langue le long de son court chanfrein, en profitant pour rapprocher son visage et lui offrir la toute première vision de sa vie, celle du visage de sa mère.
Isaac revint, il venait de raccompagner la sage-femme vers la sortie en la remerciant mille fois. Il avait voulu se transformer pour assister son fils sous forme animale, comme lui, mais la maïeuticienne lui avait recommandé de rester sous forme humaine pour habituer l'enfant dès les premiers instants de sa vie. Alors, très lentement, il s'allongea auprès du petit faon et toucha tout doucement le bout de son nez. Les narines du petit se dilatèrent et ses yeux louchèrent pour observer ce doigt caresser son mufle. Déjà emporté dans d'étranges transports de nouveau père qu'il était incapable de décrire, Isaac se sentit fondre de tendresse devant la vision de ce tout petit faon roulé en boule contre Rosalie.
La jeune femme rayonnait d'un tout nouvel éclat. Après avoir surmonté cette épreuve et donné la vie, elle semblait dotée d'une incroyable sagesse. Elle était trop épuisée pour recouvrir sa forme humaine. Elle s'étendit seulement de tout son long, la tête posée près de celle de leur faon, et observa avec attention tous les détails de son joli visage.
« Il a tes yeux. » Dit-elle avec tendresse.
Le nouveau-né frémissait de sa nouvelle vie mais ne semblait pas encore décidé à se redresser sur ses jambes. Il balançait sa tête d'un côté ou de l'autre, jetant des regards innocents une fois vers son père, une autre vers sa mère. Il clignait des yeux comme s'il émergeait d'un très long sommeil. C'est seulement lorsque Rosalie se releva avec difficulté de sa couche qu'il frissonna et commença à remuer avec conviction. Isaac et Rosalie furent témoins de ses premières tentatives de marche, à déplier ses jambes longues comme des échasses, à trembler comme une feuille et couiner de panique dès que sa tête était trop loin du sol. Il s'écrasa une première fois, puis une deuxième, et c'est à la troisième tentative ratée que Isaac de ses mains le soutint et l'aida à prendre sa première tétée.
« Ah, fit Rosalie en riant. Il a bien tes yeux, mais il n'a pas hérité de ta débrouillardise.
-J'ai eu si peur que son arrivée précoce ait des conséquences graves, souffla Isaac en soutenant le corps de son fils.
-Il est un peu maigrichon, mais n'oublie pas les sacrosaintes paroles de Xavier : ça va être un petit gaillard ! »
Le petit retomba sur le matelas en s'emmêlant les pattes, la bouche cerclée du blanc du lait. Rosalie posa la tête contre la sienne et ferma les yeux. Elle lui souffla à voix basse :
« Ne t'inquiète pas petit gaillard. Tu auras le nom d'un roi. Papa n'est pas d'accord parce qu'il est un peu bêbête mais je vais gagner la bataille. Hein petit Priam ?
-Eh ! Je t'entends à cette distance.
-Et puis, poursuivit la jeune mère en feignant ne pas l'avoir entendu, comme tu pourras vite marcher, on va te faire découvrir le monde. On va t'emmener te promener en forêt, dans les jolis quartiers de Ewilem, et dans la baie. Tu vas rencontrer Papi Kob - qui va te pourris-gâter pour sûr. »
Isaac sourit et souffla du nez. Il n'était qu'une question de temps avant que Kob et tous leurs amis ne débarquent en nombre dans la maison en hurlant leurs félicitations et en faisant exploser les bouteilles de Kob. Et, Pri... Enfin leur enfant était si petit et délicat dans les premiers jours de sa vie que Isaac ne doutait pas qu'ils s'amasseraient comme des mouches autour de lui en se battant pour le kidnapper. Il eut d'ailleurs des vertiges quand il prit conscience que lui et Rosalie étaient parmi les premiers de leur bande à avoir eu un enfant. Mais c'était ce qu'ils avaient voulu, ce qu'ils ressassaient depuis déjà plusieurs années, depuis ce soir-là au bar à Aust il y a deux ans de cela. Ce temps où lui et elle étaient encore des enfants à leurs yeux et qu'ils fleurissaient d'un nouvel amour et de nouveaux rêves. Et aujourd'hui, lui et elle étaient médecins et parents.
Rosalie leva les yeux vers lui et sourit d'un air amusé. Isaac prit alors conscience qu'il souriait béatement depuis déjà quelques minutes.
« Je me demande ce qu'il fera quand il sera grand, murmura Isaac qui caressait la silhouette de ses oreilles.
-Ce qu'il voudra tant que ça le rende heureux. »
Isaac ne pourrait ici jamais le nier : il manqua de fondre en larmes.
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Ra' Aden
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MessageSujet: Re: Belle comme le jour   Belle comme le jour - Page 2 EmptyDim 21 Nov 2021 - 0:30

Maah Priam est là Belle comme le jour - Page 2 977156214
Bon j'avoue j'ai bien rigolé pour le coup de la mycose Belle comme le jour - Page 2 2348422319
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Elv
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MessageSujet: Re: Belle comme le jour   Belle comme le jour - Page 2 EmptyVen 10 Déc 2021 - 1:02

Chapitre court qui fait plus office de transition et chapitre plus long, je les associe tous les deux  Laughing



Décembre 34

Avant d'ouvrir la porte qui menait au perron, Isaac s'agenouilla et réajusta l'écharpe autour de l'encolure de Priam. Le petit faon frétillait d'impatience à l'idée de sa balade quotidienne en compagnie de son père. Rosalie était partie au travail en plein milieu de la nuit pour prendre son tour de garde à l'hôpital. Le brun se releva, enfila son manteau, et ouvrit enfin la porte en soufflant à son fils :
« Tu risques d'avoir une surprise. »
Une surprise si grande que Priam d'abord sursauta en un bond et fila se cacher derrière les jambes de son père. Il risqua un regard vers l'extérieur, les oreilles pointées vers l'avant, les yeux grands ouverts. Isaac rit dans sa barbe et fit un pas vers l'avant, enfonçant son pied dans la neige qui recouvrait les escaliers.
« C'est de la neige petit Priam. »
Comme le faon, tout en voulant suivre de près son paternel, ne semblait pas enclin à mettre ses délicats petits sabots dans cette pâtée blanche et inconnue, Isaac le prit dans ses bras et descendit les escaliers avec lui jusqu'à la rue. Il ne voulait pas risquer qu'il se casse une nouvelle fois la figure dans les marches vertigineuses, surtout lorsqu'elles étaient aussi glissantes. Il le posa au sol une fois dans la rue, et manqua de hurler de rire en le voyant prendre une position grotesque pour avoir le moins de contacts possible avec la neige. C'était tout le temps ainsi avec Priam. Eux qui avaient eu peur d'engendrer une petite terreur et un Jean sans-peur, ils s'étaient retrouvés avec ce petit bout de chevreuil, extraordinairement sage et discret, mais peureux comme un lièvre. Le moindre élément nouveau le faisait frémir et le couple ne comptait plus le nombre de nuits orageuses où ils avaient retrouvé Priam blotti contre leur poitrine.
Isaac s'agenouilla, prit une poignée de poudreuse et la lui présenta. Après mûres hésitations, Priam y risqua un coup de langue, et se décida enfin à se détendre lorsqu'il comprit que c'était inoffensif.
« Neige, indiqua Isaac.
-Nèj !
-C'est fou comme tu apprends vite. Papa ?
-Mama !
-Grmf. »
Priam se mit à gambader joyeusement, à s'étonner des traces qu'il laissait derrière lui, à donner des coups de sabots dans la poudreuse pour élever des nuages blancs. Il essayait d'attraper les derniers flocons du ciel avec sa langue, enfouissait son nez dans la couche humide et éternuait. Isaac marchait derrière lui avec lenteur et tranquillité. Ils descendirent ainsi la rue sans se presser. Ils croisèrent souvent des visages connus, des amis ou bien des patients des chevreuils. Tous s'arrêtaient pour dévisager la petite frimousse de Priam, qui immédiatement venait se carapater derrière les jambes de son père. ''Comme il ressemble à Rosalie ! Par contre pour les yeux, c'est bien toi, aucun doute !'', ''Eh beh dis donc ! Regardez-moi ce grand timide !'', ''Il est beaucoup trop adorable, je veux le même à la maison !''. Isaac s'esclaffait intérieurement en songeant à quel point les premières années de sa vie étaient celles où l'on était le plus séduisant. Mais Priam devait n'en avoir cure. Il voulait qu'on le laisse tranquille avec son papa et que l'on cesse de le regarder d'un air bizarre.
Arrivés jusqu'à la forêt, Isaac cacha ses vêtements dans un tronc creux et se transforma. Ils purent ainsi tous les deux trottiner dans les sous-bois en se faufilant dans les buissons sans être encombrés de longs manteaux. Ils marchèrent longtemps entre les arbres, Priam sautillait et jouait à accélérer pour freiner ensuite et faire le plus gros nuage de flocons possible. Isaac savourait ces instants. Il ne voulait pas jouer l'hypocrite : l'arrivée de Priam avait été un grand bouleversement dans leur vie, à lui et Rosalie, et les nuits qu'ils passèrent cette année-là leur donnèrent envie d'enchaîner les crises de nerf, à se lever au beau milieu de la nuit pour allaiter le faon et le consoler de ses poussées de dents. Mais ces moments-là, à courir dans la forêt sous leur forme de chevreuil, ne penser à rien d'autre qu'à leurs sabots et l'air qui se faufilait dans leur fourrure, tous les deux les vivaient comme des trésors de la vie. Et sachant pertinemment que Priam ne se souviendrait jamais de ces après-midi une fois adulte, ils s'appliquaient à être les gardiens de sa mémoire de petite enfance.
Ils arrivèrent à un étang où ils reprirent leur souffle et où Priam ouvrit grand les yeux d'étonnement, le voyant pour la première fois de sa vie complètement gelé. Ils demeurèrent quelques instants immobiles et très calmes, à seulement regarder les maigres flocons tomber du ciel.
« Bon, trancha soudain Isaac. On rentre à la maison ? »
Mais Priam ne répondit rien. Son attention était focalisée sur le bout de l'étang. Il était si concentré qu'il ne remuait pas d'un pouce, ses oreilles droites et tournées vers l'avant. Ce qu'il épiait si attentivement, c'étaient les deux cygnes qui voguaient paresseusement sur la partie de l'étang encore liquide. Isaac regarda les deux oiseaux puis son faon, un sourire en coin. Priam sortit difficilement de sa contemplation et leva ses grands yeux bleus vers son père.
« Oiseau ?
-Ce sont des cygnes.
-Cygnes. »
Son honneur de paternel fut peut être un peu piqué lorsque Isaac percuta que son fils avait intégré le terme « cygne » avant même le mot « papa », mais il ne put s'empêcher d'éprouver une grande fascination pour la curiosité dévorante de Priam, et son intelligence assez précoce. L'idée de Rosalie de lui apprendre à lire dès ses cinq ans n'était peut être pas une mauvaise idée finalement. Et lorsque Priam reporta son attention vers les oiseaux, quelque chose fit sursauter Isaac. Quelques mèches dorées commençaient à pousser sur sa tête.
« Pri... »
Mais elles disparurent lorsque le faon tourna le museau vers lui. Isaac soupira.
« Non rien. C'est encore trop tôt. »
Mais lorsqu'ils repartirent tous les deux en direction de la ville, Isaac se promit d'aller porter la nouvelle à sa compagne : Priam allait être blond comme sa mère.

Et comme je sais qu'on va me faire la remarque  Belle comme le jour - Page 2 1080878880 :
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Juillet 37


« Zut.
-Quoi ?
-J'ai oublié les fourrés aux épinards sur la table.
-Bah ! Kob fait toujours beaucoup trop à manger de toute façon.
-C'est vrai, mais Priam va bouder.
-Il n'est pas un peu grand pour ça maintenant ? »
Isaac jeta un regard amusé vers le petit blond accroché au bout de sa main. En entendant les mots de sa mère, il avait commencé à les scruter de ses yeux clairs. Il faisait mine de siffloter et de faire celui qui n'en avait cure, mais l'on sentait qu'il se retenait de toutes ses forces de pleurer l'oubli de ses tendres fourrés aux épinards. La petite famille de chevreuils parvinrent au quartier de Fer, et enfin à la maison de Kob dont les fenêtres luisaient dans l'obscurité. Ils entendaient les éclats de voix de l'extérieur, et avant même qu'ils ne toquent à la porte, Anissa leur ouvrit en grand, les yeux pleins d'enthousiasme.
« Vous êtes en retard bande de malotrus ! » Les apostropha-t-elle en guise de bienvenue. Mais elle revint vite sur ses paroles et se pencha en poussant des cris de gerbille attendrie : « Hiiii ! Petit Priam ! Allez viens me voir ! Roooh qu'est-ce que tu grandis vite ! Tu es à croquer, je vais te manger tout cru ! »
Priam se mit à se tortiller dans tous les sens en rigolant lorsque la femme se mit à le tripoter comme une petite peluche. Isaac et Rosalie entrèrent dans la maison. La demeure de Kob était spacieuse et bien éclairée, bâtie sur la butte du quartier de Fer aux côtés d'un chêne centenaire. Sans paraître encombrée, elle renfermait une bibliothèque immense et des coffres remplis d'outils de l'Ancien Temps, fermés à double-tour et dont la clé pendait toujours au cou de leur propriétaire. Ce soir, la table en bois de pin noir accueillait une bonne douzaine d'invités, en comptant le couple de chevreuils et leur fils. Les convives vinrent embrasser Isaac et Rosalie ; Kob, lui, les enlaça.
« Je ne vous vois presque plus tous les deux, leur dit-il.
-On a beaucoup de travail à l'hôpital, s'excusa Rosalie. Et j'ai rejoint l'équipe des chercheurs en médecine, on met au point de nouveaux élixirs !
-Bravo ! Je savais qu'ils verraient enfin ce que tu vaux ! Eh Priam ! Viens embrasser ton vieux Papi Kob ! Ahlala, tu fais toujours l'anguille quand on veut te faire un câlin, mais quand ce sont les bras d'une jolie fille tu ne dis plus rien, hein ? »
Le visage de Priam, toujours dans les bras de Anissa, vira au rouge vif et il tâcha de se dégager le plus rapidement possible des embrassades de la jolie fille. Tout timide et dans ses petits souliers, il vint coller un baiser sur la joue du vieux baudet. Rosalie lui frotta affectueusement la tête.
« Allez ! A table ! S'exclama Kob en frappant dans ses mains. Il faut que je vous fasse goûter mon nouveau jus de pomme : je l'ai laissé fermenter un peu, maintenant il a un peu de piquant qui lui rajoute du corps ! »
Bien évidemment, les fourrés aux épinards ne manquèrent pas aux estomacs affamés : les convives avaient déjà bien à faire avec le canard aux asperges, les pommes de terre en sauce, les tomates farcies de légumes et les petits pains fumés. Fidèle à la fois à sa curiosité et à son appétit de moineau, Priam ne prit que de toutes petites portions de tous les plats. Rosalie se retenait de ne pas se jeter sur le canard, qu'elle n'avait pas regoûté depuis des années. La conversation s'orienta vers tous les sujets possibles et imaginables en fonction de la position autour de la table. Du côté de Isaac, Rosalie, Priam, Kob, Haku et sa compagne, on tournait tantôt autour de la cuisine, tantôt autour de la politique, tantôt autour de leur vie familiale respective.
Haku s'était épris de Lila, une chienne viverrin de son espèce et à son tour avait eu un enfant seulement quelques mois après Isaac et Rosalie. Le petit canidé était lui pour le coup ''un petit gaillard'' car à seulement deux ans et demi, il en faisait voir des vertes et des pas mûres à ses parents et cavalait dans tous les sens. A cet instant, il avait déjà avalé comme un ogre son aile de canard et tirait la manche de Haku pour sortir de table et aller jouer. Priam en face l'épiait timidement, comme un moineau regarderait un coq faire son cocorico d'un air effrayé. Rosalie le remarqua et lui glissa à l'oreille :
« Tu peux aller jouer avec lui si tu veux. »
Priam rougissait et se tassait dans son pullover.
« Tu crois qu'il va te manger ? Insista-t-elle.
-Moui. »
La blonde rit et laissa Priam grimper sur ses genoux pour avoir une meilleure vue sur la table et les invités. Il porta son doigt à sa bouche et observa de ses yeux intelligents tous les adultes.
« Qu'il est sage... Affirma la compagne de Haku en le regardant.
-Oui, mais Monsieur est un grand timide, rétorqua Rosalie.
-Au moins il ne fait pas d'âneries.
-Euh... Non non. » Hésita Isaac.
Priam soudain prit la tangente en sentant que la conversation prenait un tournant qui ne lui était pas favorable. Il partit s'amuser avec les autres enfants en rougissant pendant que Isaac et Rosalie couvraient leur bouche de leurs mains pour cacher leur hilarité. Haku commença à se poser des questions et les interrogea. Isaac se reprit et s'expliqua en prenant un air faussement sérieux :
« Non non, il est sage comme une image, le seul problème c'est qu'il ramène des cadavres à la maison.
-Quoi ?! S'exclamèrent Haku, Lila et Kob en recrachant leur boisson.
-Rooh Isaac, n'abuse pas. Il l'a fait juste une fois, temporisa Rosalie avec un mouvement de main.
-Oui, pardon, je plaisantais.
-Mais expliquez bon sang !
-Mais il n'y a rien à expliquer, se gaussa le jeune homme. Un soir il a ramené le cadavre d'un lapereau en pensant qu'il était encore vivant. Il voulait qu'on le soigne.
-C'est... Mignon et dérangeant à la fois, balbutia Haku. Enfin surtout de la part d'un faon.
-Le pauvre quand même, songea Rosalie à voix haute. Il a tellement pleuré quand j'ai dû lui dire qu'on ne pouvait plus rien faire pour lui...
-En fait, depuis sa naissance il a une espèce de fascination pour les autres animaux, expliqua Isaac. Quand on se promène en forêt, il passe un temps fou à observer les canards sur l'étang...
-... Il ramène tout le temps des escargots et des bousiers à la maison...
-... Et quant à écraser les araignées dans la maison, c'est même pas la peine d'y penser, sinon il nous fait la tête pendant au moins trois jours. »
Haku et Lila se regardèrent, les sourcils haussés, étonnés par ce qu'ils entendaient les manies du fils des chevreuils. Surtout pour des carnivores, ils avaient du mal à comprendre ce profond intérêt pour les autres espèces de la nature, quand il ne s'agissait pas de les utiliser pour son propre bien. De leur côté, à force, Isaac et Rosalie avaient intégré ce respect envers les autres créatures s'ils ne voulaient pas attirer les foudres de leur fils. Enfin, les petites araignées, ils acceptaient, mais ils refusaient toujours d'avoir un blaireau de compagnie à la maison. Mais Kob trancha tout cela :
« Eh bien moi j'en dis que c'est une bonne chose ! C'est ce dont a besoin cette société, de cœur purs et innocents qui s'occupent de ce qui se trouve plus loin que leurs bottes !
-Kob, tu n'as pas envie de rejoindre le Conseil de nouveau ? Demanda Haku. Ceux qui y siègent en ce moment sont de vrais lascars, tu aurais beaucoup de succès toi. »
Depuis quatre ans, Kob avait de nouveau siégé une seule fois au Conseil pour seulement un mois. Sans trop d'explications, il s'était de nouveau retiré à la hâte, même si ses projets de politicien trouvaient un franc succès dans les quartiers en périphérie. En vérité, il n'y avait pas vraiment besoin d'une justification de sa fuite.
« C'est bien parce que c'est une bande de lascars au pouvoir que je ne compte pas y retourner, affirma Kob avec fermeté. Je risque ma peau là-bas. Les shapeshifters qui font un peu trop de bruit disparaissent du décor. Tenez, vous connaissez Nicolas et Alexandra ?
-Les loups ? Ils étaient membres il y a une dizaine d'années non ?
-Eh bien eux aussi. Virés du décor. Plus de nouvelles. Nada. Niet. C'étaient des partisans du mouvement pour la suprématie des Purs pourtant, mais il faut croire qu'ils commençaient à avoir un peu trop de pouvoir. Leur fils aussi, Gengys, on n'en entend plus parler. On dit qu'il est mort lui aussi.
-Kob, moins fort. »
Les enfants commençaient à tendre une oreille indiscrète vers la table des adultes, ce qui les força à changer drastiquement de sujet. Mais Isaac avait la nette impression que Kob, malgré son sourire, était très tendu. Quelque chose se passait de son côté qu'il ne voulait pas avouer. Lorsqu'ils commencèrent à débarrasser la table pour laisser place aux tasses de thé, Isaac s'approcha de Kob et fit mine de l'aider à empiler les assiettes dans la bassine de nettoyage, à l'abri des regards. Il lui souffla :
« Tout va bien ? »
Kob prit une grande et difficile inspiration, comme s'il allait se mettre à pleurer. Il passa une main sur son visage et se reprit. Il lâcha à voix basse :
« J'ai retrouvé Hypsos. Il est à Ragnok. »
Isaac frémit.
« Tu en es sûr ? Comment le sais-tu ?
-C'est Marie -tu sais, la loutre- qui l'a croisé par hasard. Je lui ai envoyé des lettres, mais il refuse de me répondre. Je doute même qu'il les lise.
-Moi aussi j'en doute, admit Isaac. Kob, écoute. Il ne faut pas que tu te mettes dans cet état-là. Hypsos est grand à présent, il peut se débrouiller seul.
-Je ne remets pas en doute son intelligence et sa débrouillardise, coupa Kob en s'essuyant les yeux. Seulement, cela me fend le cœur qu'il ait coupé tous les ponts avec moi depuis notre dispute. C'est... C'est moi qui l'ai recueilli... Je l'ai élevé comme un fils, comme toi Isaac...
-Ce que je vais te dire Kob est douloureux, mais je doute que Hypsos t'ait un jour réellement considéré comme son père. Moi, il ne m'a jamais vu comme un frère, alors j'ai fait de même. C'est un garçon spécial tu le sais, tu as tenté de l'éduquer et de l'aimer, et même si ça n'a pas marché, tant pis.
-Oh Isaac... Soupira Kob. Si seulement j'avais un esprit aussi analytique que le tien. Comment tu réagirais, toi, si Priam à quinze ans s'enfuyait de la maison et n'y revenait plus jamais ? »
Isaac jeta un regard par-dessus son épaule vers son petit garçon. Il souffla avec un sourire :
« Honnêtement je suis incapable de l'imaginer. Priam a beau avoir trois ans, je sais déjà qu'il ne ressemble en rien à Hypsos. Oh s'il-te-plaît Kob... Ne cherche pas à aller le retrouver à Ragnok. Il t'a déjà fait suffisamment de... »
Mais leur discussion vira court car Rosalie débarqua dans la petite pièce en leur reprochant de faire des cachotteries. Kob et Isaac secouèrent la tête et rejoignirent les autres. Ils se réunirent de nouveau autour de la table pour partager la fin du repas en noyant leurs soucis dans les tasses d'infusion. Le nouveau breuvage concocté par les soins de Kob semblait avoir un effet sur les esprits car après avoir vidé plusieurs bouteilles à douze, la conversation s'orienta vers des sujets de plus en plus légers, et les éclats de rire se multiplièrent autour de la table.
Soudain, Isaac sentit qu'on lui tirait la manche. Il était en pleine hilarité suite à une plaisanterie de Anissa, mais il se calma de suite en voyant les yeux pleins de larmes et la frimousse toute barbouillée de terre de Priam.
« Papa... Gémit-il.
-Mais qu'est-ce qui t'est arrivé ? Demanda Isaac, inquiet mais prenant la voix la plus douce possible.
-Priam, où est passé ton pull ? »
Remarque pertinente de Rosalie, puisqu'en effet, le blondinet était torse nu avec une écorchure sur le coude. En face, Haku et Lila réceptionnèrent leur propre enfant, intact et toujours habillé mais très boudeur. Isaac descendit de son siège et s'agenouilla près de son fils pour écouter les maigres bégayements qui sortaient de sa bouche.
« Onétaidehorépuicélésautrequiontapé... Et et et... Jaipulepull...
-Qui ça 'les autres' ? Les enfants des voisins ? »
Priam hocha la tête et versa toutes les larmes de son corps comme lui seul savait si bien le faire. Isaac s'appliqua à consoler son faon en le prenant dans ses bras et lui assurant que ça n'était pas grave et que ce n'était qu'un simple pull. Ce ne fut pas le réflexe de Rosalie puisqu'elle retroussa ses manches et fila à l'extérieur en fulminant :
« J'vais me les faire ces p'tits cons.
-Non Rose att... ! »
Trop tard, elle avait déjà disparu. Isaac hissa son enfant sur ses genoux et le laissa inonder sa chemise de larmes. Il caressait sa tête blonde avec douceur pendant que la tablée s'agitait et grondait sur le voisinage et la fausse réputation du quartier de Fer.
« Ce sont les gamins de Keram, gronda Kob. Cet homme a beau faire le propre sur lui et rejeter toute les fautes du monde sur le dos des non-purs, il est incapable de bien élever ses enfants.
-Tout va bien mon petit Tim ? Dit doucement Haku à son rejeton rouge de colère.
-Ui ! Piailla le petit en frappant de son petit poing sur la table comme un adulte. Tim i'veut pas qu'on prende son doudou ! Tim il'a tapé les méchants pour qu'i partent ! »
Isaac observa l'air déterminé du petit Tim et sa bouche grande ouverte d'indignation. Il ne pleurait pas, il était seulement enragé que des grands enfants se soient moqués de lui et aient profité de leur supériorité en nombre et en âge. Le père baissa ensuite les yeux vers son fils qui tremblait encore de honte, blotti contre sa poitrine, et plus il comparait la réaction des deux enfants, plus il se questionnait sur lui-même. Sur son rôle de père. Si Priam qui était plus âgé encore que Tim pleurait à chaudes larmes pour un vêtement volé et un honneur bafoué, était-ce de la faute de Isaac qui manquait quelque chose dans son éducation ? Priam était-il vraiment prêt pour affronter le monde avec la candeur que lui inculquaient ses parents ?
Rosalie revint enfin, l'air fier. Elle tenait à bout de bras le pullover de Priam, et sa face encore rouge indiquait qu'elle avait bien vociféré sur les vauriens. Elle s'accroupit à côté de Isaac et embrassa la joue de Priam.
« Ne pleure pas mon bonhomme, lui dit-elle à voix basse. Maman leur a botté les fesses, ils ne sont pas prêts de revenir. Regarde ce que j'ai récupéré ! »
Elle lui fit de nouveau enfiler son pull et Priam consentit enfin à sécher ses larmes et à sourire de nouveau. Au terme de la soirée, il finit même par s'endormir dans les bras de son père, et il ne se réveilla même pas lorsque Isaac et Rosalie rentrèrent dans leur foyer. Isaac le coucha dans son lit, l'enveloppa dans ses couvertures et referma les rideaux qui le séparait du reste de la pièce. Lui et Rosalie ne tardèrent pas non plus à se coucher, mais Isaac ne parvint pas à trouver le sommeil. Il se retourna encore et encore sur le matelas, songeant à tout et rien, à Priam, à Kob, à Hypsos, à Rosalie. Il fut coupé dans ses songes nocturnes lorsque la voix de Rosalie retentit près de son oreille :
« Tu me donnes le tournis à te retourner comme ça. Qu'est-ce qui t'arrive ?
-Rien rien, rendors-toi. » souffla Isaac en secouant la tête.
Il sentit une main lui attraper le menton et le malaxer pour jouer les ventriloques.
« ''Oooh ma Rosie d'amour que j'aime ! Tu es si gentille de renoncer à ton sommeil pour me demander ce qui ne va pas ! Tu es la meilleure des...''
-Oui bon ça va ! Chuchota le brun. Est-ce que... Est-ce que tu penses que je suis un bon père ?
-Allons bon ! Cette question ! Tu t'attends à quelle réponse petit nigaud ?
-En fait, je repensais à tout à l'heure. Ce n'est pas la première fois qu'il se fait brutaliser par des gamins du quartier.
-C'est parce que c'est des crétins, un point c'est tout. »
Isaac souffla du nez et laissa Rosalie poser sa tête contre son cœur. En tassant dans la couverture, il souffla :
« Il est beaucoup trop pur pour ce monde. »
Il tourna le regard vers le plafond d'un air songeur.
« Rose, et si... Et si c'était nous qui échouions quelque part ? Et si justement on l'élevait avec trop de douceur et on ne l'endurcissait pas assez pour ce monde ?
-Je ne suis pas d'accord Isaac. »
Rosalie se redressa sur ses coudes et le regarda d'un air sérieux. Elle poursuivit avec fermeté :
« Ce n'est pas à Priam de régresser pour être à la hauteur du monde. C'est au monde de s'élever pour être à sa hauteur.
-Mais il risque de vivre de nombreuses désillusions et de se faire marcher sur les pieds...
-Alors on développera son esprit critique et on lui apprendra à être prudent. Je refuse de l'élever à la dure, de le mettre dehors à chaque fois qu'il pleure en pleine nuit et de sortir le ceinturon quand il ramène un animal à la maison. Et je sais que toi non plus tu ne le veux pas.
-Non... Pour rien au monde.
-Exactement. Parce qu'on vaut mieux que ça, et lui aussi. »
Le son de petits pas sur le plancher les tira de leurs pensées nocturnes lorsqu'il retentit dans l'obscurité.
« Qu'y a-t-il Priam ?
-J'ai fait un cauchemar... Minauda le petit garçon d'une toute petite voix.
-Allez. Viens. »
Rosalie et Isaac firent une place entre eux pour laisser Priam s'y glisser avec délicatesse. Ils le recouvrirent des draps et de leurs bras, non sans s'échanger un regard amusé.
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Ra' Aden
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MessageSujet: Re: Belle comme le jour   Belle comme le jour - Page 2 EmptyVen 10 Déc 2021 - 10:11

Oooh mais je te jure que je voyais Bambi et Panpan dans le premier chapitre Belle comme le jour - Page 2 2281234957 J'adore comment tu traite la première transformation c'est trop mimi

Me demande pas pourquoi mais dans le deuxième j’imaginais Priam en salopette
OH GOD  MAIS ATTEND QUOA, HYPSOS ?! FRERE DE ISAAC ?  Belle comme le jour - Page 2 879746112 ME DIS PAS QU'IL VA ALLER EMBETER MON TIGRE QUAND IL EST BEBE Belle comme le jour - Page 2 75769602
J(adore comment tu mèles des épisodes mignons d'enfant à des questions importantes d'adultes


Dernière édition par Ra' Aden le Dim 12 Déc 2021 - 13:34, édité 1 fois
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Elv
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MessageSujet: Re: Belle comme le jour   Belle comme le jour - Page 2 EmptyDim 12 Déc 2021 - 13:15

Hahahaha je savais que cette révélation allait semer la discorde  Belle comme le jour - Page 2 357193279
Nan nan nan rassure-toi, il n'est plus à Ragnok depuis le temps, il est occupé à d'autres trucs  Belle comme le jour - Page 2 1372387614
Ouiiiii j'adore faire ça aussi ! C'est principalement pour ce type de mécanique que j'ai commencé à écrire le feuilleton. D'ailleurs je ne sais pas du tout à quelle année je vais m'arrêter  Belle comme le jour - Page 2 590496284 (peut être quand Priam sera adolescent ?)
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