Legend of Shapeshifters
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 L'ombre du renard

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Ra' Aden
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MessageSujet: Re: L'ombre du renard   L'ombre du renard - Page 2 EmptyMer 29 Mar 2023 - 23:16

Yes je suis chaud l'asticot !
Je pourrais commencer le sujet demain si tu veux
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Elv
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MessageSujet: Re: L'ombre du renard   L'ombre du renard - Page 2 EmptyMer 29 Mar 2023 - 23:16

D'ac d'ac !
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Ra' Aden
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MessageSujet: Re: L'ombre du renard   L'ombre du renard - Page 2 EmptyJeu 30 Mar 2023 - 13:24

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Elv
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MessageSujet: Re: L'ombre du renard   L'ombre du renard - Page 2 EmptySam 1 Avr 2023 - 15:41

C'était une salle immense, pourvue de grandes fenêtres et d'un sol en béton. La végétation s'y infiltrait par les trous dans les vitres. Le lierre claquait contre les briques à chaque bourrasque. La journée était venteuse ; le vent s'engouffrait par les fenêtres cassées et balayait la poussière dans la salle. Le cri de la brise empêchait Nihil d'entendre parfaitement les sons. Il ne pouvait pas non plus très bien distinguer les odeurs à cause de toutes ces effluves bousculées par le vent. Il était dans une profonde obscurité.
Clic, clic, clic.
Les bourrasques couvraient le son imperceptible des griffes contre le béton. Il s'approchait, mais Nihil ne pouvait pas en être certain. La crainte le gagnait. Avait-il bien fait de suivre les masqués ? Rencontrer celui qu'il pensait être la clé de tous ces mystères le ferait-il vraiment avancer ? Les cliquetis s'approchaient, puis s'éloignaient, le contournaient et s'arrêtaient soudainement. La tension s'emparait de son cœur. Quelques odeurs caressaient sa truffe, mais toujours discrètes et confusantes. Des souvenirs indistincts, comme des spectres, hantaient son esprit, sans qu'il ne puisse les saisir.
Clic, clic, clic.
Il s'était arrêté. Ils se faisaient face. Nihil était dans une obscurité complète. Deux yeux verts le fixaient.
« Un ? »
Les cliquetis reprirent. Ils s'approchèrent dangereusement. L'odeur devint plus forte. Si forte qu'il embrouilla l'esprit de Nihil. Le renard noir frissonna. Ses vibrisses captèrent un souffle chaud. Il était si proche.
« Jamais tu ne m'avais appelé ainsi quand nous étions seuls. »
Nihil frémit. Sa queue se mit à battre de nervosité. Il ne comprenait pas ce que cette phrase voulait signifier. Le souffle chaud s'éloigna. L'ombre rôdait autour de lui à pas de loup.
« J'ai beaucoup changé, paraît-il. » Se défendit Nihil avec une résignation méfiante.
Il sentit un museau frôler sa fourrure noire.
« Es-tu vraiment Dareios, ou seulement son fantôme ? » Répondit l'ombre.
Nihil abaissa les oreilles, la truffe basse.
« Qu'en penses-tu ? Lui demanda-t-il en risquant le tutoiement.
-J'aurais pu reconnaître entre mille cette fourrure. Et même si tu ne vois plus rien, il y a toujours ce même éclat dans tes yeux. »
Suffisamment proche, Nihil pouvait enfin mettre le doigt sur l'apparence de l'ombre. Personne ne parlait de la forme animale du maître du Cercle, pourtant il n'y avait aucun doute : il portait cette même odeur, émettait ces mêmes sons en marchant... L'ombre était comme Nihil, Nihil était comme l'ombre. Hypsos était un renard.
Il portait une fourrure rousse, touffue, flamboyante, comme si son corps entier était embrasé. Une tache blanche immaculée coulait de sa mâchoire jusqu'à sa queue, longue et épaisse, terminée par un pinceau de nacre. Comme trempées dans la peinture, ses quatre pattes étaient teintées de noir ; noir comme le fond de ses pupilles perçantes, adoucies par la couleur émeraude de ses iris.
« En revanche, poursuivit le renard roux d'un ton calme, il y a quelque chose dans ta voix qui a changé. Il faut dire qu'avec l'âge vient la sagesse. Il y a quinze ans tu étais prêt à conquérir le monde, et te voilà dans une taverne à gagner ta vie avec la violoniste.
-Quoi que j'aie pu faire avec le Cercle, crois-tu vraiment que j'aurais attendu dans cette boîte pendant huit ans à ne rien faire ? J'ai reconstruit ma vie loin d'ici. J'aimerais en finir vite pour retourner à Varkens.
-Pourquoi t'es-tu laissé faire, alors ? Le messager m'a raconté que tu avais mis huit shapeshifters au tapis, tu aurais très bien pu nous fuir. Alors pourquoi es-tu revenu ?
-Va savoir. Pour la première fois depuis huit ans je touche du doigt la résolution du plus grand mystère de ma vie. »
Nihil tourna la tête vers l'origine de la voix, sa gueule se tordant en un sourire sarcastique.
« Si je suis si spécial que vous ne le laissez penser, apporte-moi un peu de lumière. »
Hypsos souffla du nez en éructant un sourire. Puis il lui demanda avec tranquilité :
« Les chiffres étaient-ils heureux de te revoir ? »
Nihil repensa à ce que lui avait demandé Quatre, ou plutôt Aryane. Il haussa les épaules.
« Je ne sais pas vraiment. Plus choqués qu'heureux je dirais. »
Hypsos revint devant Nihil et s'assit face à lui.
« Je n'en doute pas. Tous pensaient que tu étais mort. Moi le premier. Et pourtant je peux te le dire : je suis sincèrement heureux de te revoir. »
Nihil abaissa les oreilles, troublé par cette étrange chaleur dans sa voix. Son ton s'assombrit :
« Alors j'étais bien un membre du Cercle ? Dis-moi, Hypsos : quel numéro m'as-tu collé sur le visage ? J'étais l'un de tes petits soldats dans la Forteresse ? C'est pour ça que tu m'as appris à jouer du piano il y a longtemps ?
-Je te l'ai jamais enseigné. Tu as appris tout seul. »
Hypsos finit par se lever, et invita Nihil à faire de même. A deux, ils traversèrent la salle et franchirent une porte qui les mena à un escalier en fer. Ils en gravirent les innombrables marches, jusqu'à parvenir à un étage dans un building. La lumière pénétrait dans le bâtiment par les fenêtres scellées. Sur le chemin, Nihil gardait les oreilles en arrière, attentif au son que faisaient les pas de Deux loin derrière eux. Le garde du corps les suivait à la trace. Nihil n'avait pas l'entière confiance du maître des lieux. Les deux renards remontèrent un couloir puis débouchèrent sur une plus petite pièce. Hypsos laissa la porte entrouverte. Nihil humait des odeurs infimes de métal.
« Quel dommage que le piano ne soit plus en ma possession, fit Hypsos d'un ton las. J'aurais aimé t'entendre jouer encore une fois.
-Il fallait venir à Varkens. »
Il abaissa les oreilles dans un air de méfiance.
« En plus, tu aurais revu Callisto. Elle m'avait dit que tu t'étais étrangement intéressé à elle, pendant son voyage dans les Ruines, ajouta-t-il.
-Callisto est une personne très intéressante, tu ne trouves pas ? Et une grande violoniste de surcroît.
-Tu ne l'as jamais entendue jouer. Elle a perdu son violon pendant la guerre.
-Au contraire Dareios, je l'ai déjà entendue jouer une fois. Et toi aussi, même si tu ne t'en souviens pas. »
Pendant qu'il parlait, Hypsos ramenait des vêtements du vestibule adjacent à la pièce. Nihil se tut, les babines tremblantes. Les derniers mots d'Hypsos lui firent froid dans le dos. Alors ainsi, il avait déjà rencontré Callisto auparavant ? Pourquoi ne l'avait-elle pas reconnu ce soir-là alors, quand ils s'étaient échangés un baiser ? L'avait-elle oublié ? Ou alors l'avait-il vue sans qu'elle ne le voie ? Hypsos s'absenta le temps d'un instant dans le vestibule, puis revint, sous sa forme humaine, en train d'enfiler ses dernières couches de vêtements. Son masque à la main, il ne le remit pas sur son visage cependant.
« Transforme-toi. Je suis curieux de voir à quoi tu ressembles aujourd'hui. »
Nihil obéit, se disant qu'il n'avait rien à perdre. Son pelage disparut et son corps grandit. Hypsos regarda attentivement sa transformation, les yeux plissés. Une fois redevenu homme, Nihil se redressa et prit les vêtements que l'autre lui tendait. Hypsos le dévisagea de haut en bas.
« Tu as perdu en carrure.
-Possible. Servir des chopes, ce n'est pas ce qui muscle le plus, rétorqua Nihil en enfilant la chemise.
-Mais le pire, ce sont tes cheveux. Regarde-toi. Ça te donne un air de pouilleux. »
Nihil haussa les sourcils. C'était étrange, cette sensation. Plus il parlait à Hypsos, moins il se sentait nerveux. Etait-ce la sensation d'être revenu à la maison ? Non, il s'y refusait, cette vie était derrière lui. Pourtant, il n'avait plus peur. Il voyait le Maître comme un être qu'il avait longtemps cotoyé et qu'il retrouvait après un long temps d'absence. Il se surprit même à éructer un sourire familier à l'entente de ses moqueries.
Hypsos tourna les talons. Nihil l'entendit s'éloigner de trois pas et s'asseoir sur un banc. Une mélodie retentit alors dans l'air. Une guitare ? Non, les notes étaient trop douces, trop délicates. Pendant qu'il jouait de cet étrange instrument, Hypsos lui dit distraitement :
« Je t'aurais bien demandé à toi si j'ai changé depuis tout ce temps, mais j'imagine que c'est inutile. »
Nihil s'approcha alors de l'autre shapeshifter d'un pas prudent, de peur de se cogner à un meuble. Comme le banc était assez large, il put s'asseoir à ses côtés. L'instrument était suffisamment imposant pour être posé aux pieds des deux shapeshifters. Nihil leva la main et la posa sur le front d'Hypsos. Ce dernier sursauta, se tendit comme s'il venait d'avoir été frappé, puis se relâcha. Il le laissa parcourir les traits de son visage. Ils étaient étonnamment doux.
« Tu n'aurais laissé aucun de tes chiffres te toucher ainsi. » 
Il abaissa la main. Hypsos le regarda dans les yeux avec gravité.
« Non. » Répondit-il.
Ils s'écartèrent l'un de l'autre. En se relevant, Nihil caressa du bout des doigts l'instrument de bois, gravé de myriades de petites arabesques. Ils se firent face. Une bourrasque fit trembler les fenêtres sur leurs gonds. Le sifflement du vent se mêla à la voix calme de Nihil.
« Dis-moi Hypsos. Dis-moi qui je suis. Dis-moi quel chiffre j'ai été.
-Tu n'as jamais été un chiffre, Dareios. Pas pour un érudit du moins. »
La réponse rendit Nihil confus. Hypsos baissa les yeux, et sourit, amusé. Il se détourna un instant, s'approcha d'une commode et en ouvrit l'un de ses tiroirs. Nihil tenta de s'en approcher à tâtons, mais Hypsos l'arrêta en revenant à lui. Il lui prit la main...
« Tu étais tout autre. »
… L'avança vers l'objet qu'il lui tendait.
« Tu étais mon ombre. »
Nihil reçut dans ses mains un masque blanc, orné d'une plume de cygne noir.
Orné du chiffre Zéro.


A SUIVRE
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Ra' Aden
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MessageSujet: Re: L'ombre du renard   L'ombre du renard - Page 2 EmptySam 1 Avr 2023 - 17:26

AAAAAAAAAH HYPSOS EST UN RENARD
AAAAAAAAAH LE TITRE PREND SENS
AAAAAAAAAH NIHIL C'EST HYPSOS 2.0
AAAAAAAAAH KESKELLE VIENT FOUTRE LA CALLI
TROP DE DRAMA EN UNE SCENE
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Elv
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MessageSujet: Re: L'ombre du renard   L'ombre du renard - Page 2 EmptySam 1 Avr 2023 - 17:33

T'ES PAS PRÊTE POUR LA SUITE
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Ra' Aden
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MessageSujet: Re: L'ombre du renard   L'ombre du renard - Page 2 EmptySam 1 Avr 2023 - 17:36

JGDKONJDOSNH Ô maître des plots twist L'ombre du renard - Page 2 1844563381
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MessageSujet: Re: L'ombre du renard   L'ombre du renard - Page 2 EmptyDim 2 Avr 2023 - 15:05

L'hiver de Ragnok laissait son souffle blanc recouvrir la vallée. Il ne s'arrêtait plus de neiger.
Dareios cracha. Il y avait un peu de sang dans sa salive. Mais il n'eut pas le temps de contempler les fleurs rouges qui éclosirent dans son crachat, car on lui assena un nouveau coup. Il attrapa la jambe de son agresseur pour le faire basculer mais le deuxième lui mordit la main. Il était fichu.
« T'en veux encore ? Lui hurla l'agresseur. Reluque encore ma sœur et t'en auras encore. »
Faute de mots, Dareios lui cracha sur les pieds. Il reçut un coup dans la tête. C'était parce qu'il était un peu assommé qu'il prit à peine conscience que les frappes s'étaient soudainement arrêtées. Il releva un peu sa tête pleine de boue, et à travers le voile qui recouvrait ses yeux, il vit ses deux adversaires se débattre avec un troisième lascar. Il était grand et maigre, mais il y avait tant de hargne dans ses poings qu'il parvint à les faire fuir. Dareios n'en crut pas ses yeux.
« Eh ! » Cria-t-il en se relevant.
Mais l'autre s'en allait déjà. Dareios se campa sur ses jambes flageolantes et lui courut après dans un pas erratique. Il le rattrapa et abattit sa main sur son épaule.
« Merc... »
L'instant d'après, il était repoussé avec brusquerie. Il vacilla sur quelques mètres, mais finit par reprendre mon équilibre. Il ne perdit pas courage et revint à la charge.
« Eh ! Merci ! Eh tu m'écoutes ? »
Il se mit à le suivre comme un caneton derrière sa mère. En même temps, il s'essuyait le visage avec les pans de sa chemise. Son sauveur ne se retournait pas. Il traçait sa route comme si de rien n'était, tête basse et mains fourrées dans ses poches. Il avait l'air de vouloir taper rageusement dans toutes les pierres qui passaient sous sa semelle. Dareios n'en était que plus curieux. Il accéléra pour se mettre à sa hauteur.
« Comment tu t'appelles ? » Lui demanda-t-il avec un grand sourire.
L'autre ne lui répondit pas. Il ne le regardait pas non plus. Il avait plutôt tendance à fuir son regard insistant. Comme il n'obtenait aucune information, Dareios s'empressa de se présenter :
« Moi c'est Dareios. Renard. »
Le chemin se poursuivit en silence. Dareios marchait d'un pas confiant et arrogant, les mains calées derrière sa tête. L'autre avait le regard baissé, l'air de supporter tacitement sa présence.
« Eh ! T'as faim ? Je connais le patron d'un bar qui fait de la ragougniasse incroyable. Tu aimes la viande, hein ? Tu es hybride ? T'inquiète, j'ai aucun problème avec ces types-là. Pourquoi tu me réponds pas ? »
L'autre s'arrêta enfin dans la plus grande des lassitudes. Il releva la tête, et toisa Dareios de ses yeux verts et perçants. Il le surplombait de sa haute taille.
« Qu'est-ce que tu me veux ? »
Cette réponse ravit Dareios au plus haut point. Enfin il ouvrait son clapet. Dareios enroula un bras autour de ses épaules dans un air de franche camaraderie.
« J'aimerais remercier mon frangin pour m'avoir tiré d'affaire !
- Ton fran...?
- Ils sont là ! »
Les deux jeunes hommes se retournèrent à l'unisson. Dareios grimaça.
« Aïe aïe aïe. Ils sont revenus avec des copains. »
Il aurait dû le prévoir : se castagner avec un coyote impliquait de lui faire rameuter toute sa bande pour prendre sa revanche. La meute s'avançait d'un pas menaçant en retroussant leurs manches : ça allait chauffer. Dareios attrapa son comparse par le poignet et l'entraîna à sa suite dans les ruelles. Ils entendaient la bande débouler derrière eux entre les murs de pierre.
La chose devint plus complexe lorsqu'ils tombèrent dans un cul-de-sac.
« Merde, lâcha Dareios.
- Mais quel idiot, grinça l'autre.
- Je prendrai ça comme un signe de gratitude. »
La bande de coyote freina, un sourire malsain greffé au faciès. Le chef de la meute fit taper son gourdin dans sa paume.
« Tiens tiens tiens. Le renard qui se croit plus malin que les autres. D'abord on va s'occuper de ton petit pote. Ensuite, c'est à toi qu'on refera le portrait. »
D'instinct, Dareios avança d'un pas et se plaça devant le jeune homme aux yeux verts. Il toisa ses adversaires avec gravité.
« Alors ça, n'y compte pas. »
Il sentit soudain une main lui tapoter l'épaule. Il jeta un regard en arrière et suivit le mouvement de menton de son comparse vers la neige sur les toits. Ils se comprirent immédiatement.
« En garde ! » Hurlèrent les coyotes en s'élançant.
Pourtant, à peine avaient-ils fait un pas qu'ils se retrouvèrent englouti sous des couches et des couches de neige. Dareios et le jeune homme donnèrent encore un coup de pied sur les poutres des maisons pour faire chuter les derniers flocons dans la ruelle. L'impasse devint un champ de coton blanc duquel quelques truffes et pattes dépassaient à certains endroits. En quittant la ruelle, ils s'appliquèrent à marcher sur tous les corps enfouis.
Arrivés sur la place du marché, Dareios émit un petit rire.
« Quelle fine équipe on fait. »
Il offrit un sourire splendide à son camarade de castagne. Il ne s'attendait pas particulièrement à ce qu'il le lui rende, mais au moins, il daignait enfin le regarder dans les yeux.
« Alors salut, marmonna-t-il en tournant les talons.
- Ça t'arracherait la gueule d'accepter mes remerciements ? »
Il sourit d'un air narquois en fourrant les mains dans les poches de son manteau avec désinvolture.
« Tu fais le fier, hein ? »
L'autre s'arrêta en soupirant profondément. Il jeta un regard en arrière.
« Hypsos. Renard. »
S'il lui avait confié ces deux mots simplement pour que le vagabond lui fiche la paix, c'était raté.

























Le foyer d'Hypsos était un amoncellement de briques coincé entre une souricière et une grange. Il était étroit mais gardait bien la chaleur. Son habitant l'avait meublé comme il avait pu, l'encombrant d'objets divers et variés et d'un matelas en plumes. La maison était à mi-chemin entre le repère d'un vagabond qui ne savait plus que faire de ses babioles volées, et l'antre d'un érudit qui fouillait les Ruines depuis des lustres. Il y avait quelques livres, mais il étaient si abîmés qu'on pouvait croire qu'Hypsos en aurait plus s'il le pouvait.
Dareios s'étira, puis en revint à sa lecture, affalé sur le matelas. Il ne savait pas encore lire, mais il était en train d'apprendre tout seul. Il demandait de l'aide à son camarade quand il rencontrait des difficultés. Ça avait l'air de lui faire plaisir, d'être dans la position du maître d'école. Ce jour-là, ils profitaient qu'il fasse un froid de canard pour rester blottis à l'intérieur. Dareios lisait ; Hypsos gravait des trous dans un bâton pour en faire une flûte.
Tous les deux étaient jeunes, sortaient à peine de l'adolescence et attiraient le regard par leur démarche assurée et leur visage bien fait. Dareios était un grand garçon svelte, aux cheveux noirs et coupés courts. Sa peau était d'un brun clair, ses yeux d'un noir d'encre. Il souriait, tout le temps, en toute occasion. Il avait toujours le mot pour plaisanter, pour chasser la tension. A seize hivers, sans parents ni quelconque voix de la raison, il se montrait insouciant et intrépide. Cependant il était loin d'être stupide, au contraire, il était vif d'esprit et prouvait à lui seul que les renards étaient des personnes futées.
Hypsos, lui, était d'une beauté froide, comme une fleur d'hiver. Il était un peu plus grand que Dareios mais plus chétif. Il portait une grande attention à la propreté de son corps. Ses cheveux bruns et fins n'étaient jamais sales, il en allait de même pour ses mains, qu'il frottait régulièrement dans des gestes compulsifs. Les traits de son visage en cœur étaient un peu creusés, mais la couleur éclatante de ses yeux illuminait le tout. Il souriait peu, riait peu ; mais quand cela arrivait, c'était un pas vers la victoire pour Dareios. Car le renard noir, dans sa fausse naïveté et son enthousiasme de jeune bleuet, savait reconnaître ce grain de douceur qui persistait dans l'aura d'Hypsos.
« Eh Hypsos ! Regarde-moi ! »
Hypsos soupira, la flûte et le canif dans ses mains, et jeta un regard blasé vers Dareios. Le jeune homme s'était dévêtu de ses vêtements d'hiver pour se transformer. Il se pavana dans sa peau de renard de long en large de la maison en battant de la queue.
« Pas mal, hein ? On n'en croise pas tous les jours, des renards de cette couleur, hein ? »
Hypsos le dévisagea, toujours blasé.
« Tu sais d'où viennent les renards argentés ? Lui demanda-t-il en revenant à son ouvrage.
-Non. Tu le sais ? »
Dareios était fasciné par ce puit de connaissances qu'était Hypsos, et n'en ratait pas une pour l'écouter déverser sa science de sa voix détachée.
« C'était une race élevée par les humains pour en faire des manteaux de fourrure. »
La réponse fut si cassante que le visage de Dareios se décomposa. Le renard se contorsionna pour examiner avec perplexité les poils bleus argentés parsemés sur sa fourrure noire.
« Ben merde alors. » Lâcha-t-il comme s'il commentait une météo orageuse.
Mais il finit par hausser les épaules. Plutôt que de se lamenter, il posa son museau sur le bras d'Hypsos. Ce dernier avait cessé de sursauter dès que Dareios le touchait ; il avait fini par s'y habituer.
« Et ta fourrure à toi, elle intéressait pas les humains ?
- Moi au moins, j'ai de la couleur.
- Serait-ce de la jalousie que j'entends ? »
Hypsos grimaça et tenta de repousser le renard. Mais Dareios le prit pour une invitation, grimpa sur ses épaules en riant et enroula sa queue autour de son cou comme un chat angora. Hypsos rentra la tête dans ses épaules, la mine renfrognée, même s'il se concentrait pour réprimer un sourire.
« Tu aimes ça, faire chier le monde, pas vrai ? Lui dit-il.
- Voui, répondit Dareios en se prélassant. C'est ce que tout le monde dit, en me voyant. Ma mère avait l'habitude de m'appeler "vilain galopin !" quand j'étais petit. Mais ça, c'était avant qu'elle ne me mette dans un sac et qu'elle me jette dans le torrent. »
La lame du couteau ripa sur l'écorce du bâton et entailla l'index d'Hypsos. Il le plongea dans sa bouche en réprimant un juron, et jeta un regard perplexe au renard sur ses épaules. Lui ajouta seulement :
« Bah. Fais pas attention. Elle avait un pète au casque, ma mère. »
Hypsos sembla un peu confus, mais ne l'exprima pas à voix haute. Il s'en retourna à son ouvrage, les sourcils toujours froncés.
« Et toi Hypsos ?
-Quoi moi ?
-C'était quoi ton drame d'enfance ?
-De quoi tu parles ?
-Allons, allons. Tu es un adolescent bourré de talents et alphabète qui rôde tout seul dans les rues de Ragnok alors que tu portes des jolies fringues. Ne me mens pas, tu es en pleine fugue. »
Le visage d'Hypsos se ferma.
« Je ne veux pas en parler, lâcha-t-il à mi-voix.
- Comme tu veux. »
Stupéfait, le jeune homme regarda le renard descendre de ses épaules. Il devait s'attendre de sa part à une cascade de lamentations et de prières indiscrètes, mais rien. Dareios était en vérité une personne bien plus subtile qu'il ne le laissait penser. Le renard s'assit à ses côtés, et lui offrit un regard qui le désarma : sincère et fraternel.
« J'espère juste qu'un jour tu me feras confiance. Parce que moi j'ai confiance en toi. »
Dareios savait qu'il pouvait s'estimer chanceux qu'Hypsos ne le repousse plus. Il ne savait pas vraiment pourquoi, par ailleurs. Peut-être parce qu'il prenait ses attaques verbales et son air bougon avec le sourire, et qu'il ne s'énervait jamais contre lui. Il était conscient qu'Hypsos n'était pas n'importe quel shapeshifter, et quoi qu'il lui soit arrivé par le passé, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une profonde sympathie pour ce garçon taciturne.
Et, peut-être qu'il faisait fausse route, mais plus le temps passait, plus il sentait que la réciproque se vérifiait.
Dareios quitta sa place pour aller jeter un œil à l'extérieur. Il y avait tellement de neige que la couche couvrait le premier tiers de la fenêtre. Hypsos s'approcha à son tour, la flûte à la main.
« Quel temps de chien. Cet hiver va nous faire crever de faim. » Fit Dareios.
Hypsos souffla dans sa flûte pour chasser les copeaux de bois de ses orifices.
« Il faut qu'on trouve un taff, dit-il.
- On ? » S'étonna Dareios.
Tandis qu'Hypsos commençait à jouer un petit air mélancolique, Dareios agitait la queue comme un labrador. Il chantonna :
« Dareios le bagarreur, Hypsos le fin stratège. A deux, on pourra conquérir le monde. »


Dernière édition par Elv le Lun 3 Avr 2023 - 18:51, édité 1 fois
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Ra' Aden
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MessageSujet: Re: L'ombre du renard   L'ombre du renard - Page 2 EmptyDim 2 Avr 2023 - 17:21

HAAAAN L'ombre du renard - Page 2 879746112
C'est pas le même Nihil ! tu m'enlèvera pas de l'esprit qu'ils se sont pecho
Ok j'ai une théorie à la con : est-ce que ce serait pas eux qui auraient buté la mif de Callisto ?
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Elv
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MessageSujet: Re: L'ombre du renard   L'ombre du renard - Page 2 EmptyDim 2 Avr 2023 - 17:41

Eh oui ils avaient même pas 16 piges les boug 
HAHAHA j'adore laisser cette tension sexuelle sous-jacente entre eux ça me fait marrer 

L'ombre du renard - Page 2 42n7o010
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