Legend of Shapeshifters
Legend of Shapeshifters

Legend of Shapeshifters

A falsis principiis proficisci
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

 

 Kale - Jeté dans l'arène

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Ra' Aden
Administratrice aux perso débiles
Administratrice aux perso débiles
Ra' Aden


Messages : 2686
Age : 23
Humeur :

Kale - Jeté dans l'arène Empty
MessageSujet: Kale - Jeté dans l'arène   Kale - Jeté dans l'arène EmptyLun 1 Fév 2016 - 21:24


Ewilem. Capitale de la terre des Shapeshifters. Difficile de s'imaginer que dans une cité aussi riche et prospère, il puisse se passer des événements aussi sordides.

    Il existe un quartier à Ewilem. Le quartier Ouest. Un lieu bien particulier puisque chaque année, les habitants se rassemblent pour un événement spécial. Un événement secret, mais très populaire, dont les autorité d'Ewilem doivent ignorer l'existence. Ce quartier Ouest possède une arène, à l'image de celles qu'on pouvaient retrouver à Rome il y a des siècles de l'époque des Shapeshifters. Et justement, les habitants de ce quartier sectaire idolâtrent cette société antique. Les Shapeshifters qui vivent là ont totalement bannis leur forme originelle, celle d'animaux. Être sous forme bestilale ici est mal vu. Plus personne ne se transforme. C'est comme si ces Purs cherchaient à recréer le monde des humains. C'est d'ailleurs à cause de cette volonté de ressembler à leurs prédécesseurs que les Shapeshifters ont réinstaurés une tradition barbares, violente.
Les combats à mort.


CHAPITRE 1



 
         Il devait être aux alentours de 5 heure du matin. Kale n'avait pas fermé l’œil de la nuit. Résolu à l'idée que son sommeil ne serait pas plus long, il se leva et alla directement s'installer au bord de sa fenêtre. En s’y asseyant, il se dit que c’était peut-être la dernière fois. Il allait participer à ses premiers jeux. En y pensant, il ressentit un étrange mélange d'excitation et de trac. Il attendait ça depuis si longtemps. Les jeux sont l’évènement qui rythme leur vie, ici, dans le quartier ouest, le quartier de Venatio. C’est la chose que tout le monde attend toute l’année. Ils ont lieu en plein été, dans une espèce d’arène située en plein centre du quartier. On dit qu’elle rappelle celles que les humains construisaient il y a bien longtemps pour le même type de jeux. Les combats de gladiateurs. Il ne reste pas grand chose de la civilisation des humains pour les shapeshifters mais de ce que Kale en sait, il y a une quarantaine d’année, un des siens aurait retrouvé des gravures mettant en scène des hommes, armés, entourés de foule au beau milieu d’une arène. Le shapeshifter en question, à force de recherches en était venu à la conclusion qu’il s’agissait de combats à mort, de moment où on pouvait prouver sa valeur, son courage, sa force. C’est donc de ce shapehifter qu’est né le quartier de Venatio. Un quartier situé à Ewilem en périphérie, à l’ouest, totalement à part. Le nom de Venatio serait d’ailleurs un des noms de ce type de spectacle, encore une information dénichée par ce fameux shapeshifter. Shapeshifter oui d’ailleurs mais le fait d’avoir été doté d’une forme humain fut comme le plus grand des cadeaux pour lui. Cette première génération qui s’établit dans le quartier ouest abandonna peu à peu sa forme animale, cherchant à tout prix à se rapprocher des humains. Ils clôturèrent très vite leur quartier pour n’y accueillir que des adeptes de la forme humaine. Ceux ci commencèrent à construire ce qu’il nommèrent ensuite le colisée et les premiers jeux virent enfin le jour. Cela faisait donc trente huit ans qu’ils existaient. La seule règle pour l'inscription à ces jeux : avoir entre 18 et 20 ans. De cette façon, un vainqueur ne peut cumuler que trois victoires. Réduire la jauge en imposant une limite d’âge est également un moyen de ne pas se retrouver avec tout le quartier décimé à la fin de l’été. Kale venait tout juste de prendre sa majorité. Depuis qu'il est en âge de marcher, on l'a formé au combat. Ses parents en l’occurrence, tout deux victorieux des jeux dans leur jeunesse. Toute la vie de Kale tourne autour de ces événements. Il ne se souvient même plus à quand remonte la première fois qu'il a assisté aux jeux. Ils sont extrêmement populaires, tout le monde en parle. Il est impossible d'ignorer leur existence, même si ils doivent être cachés aux autorités. De toue façon, personne ne rentre ni ne sort du quartier, comment pourraient-elles être au courant ? Kale doit être un des meilleurs combattants de son quartier, sans vouloir se vanter. Il passe ses journées à l'entraînement. Il adore ça. L'épée, son arme de prédilection, ne quitte quasiment jamais sa main. Il devrait avoir une chance. Si jamais il sortait vivant de ces jeux, il ne manquerais plus jamais de rien. On avait le droit à tout. Les gens se bousculaient pour vous fournir de la nourriture, des meubles et autre denrées utiles. Mais les jeux n’accordaient pas seulement ce privilège. Il y avait l'honneur, la gloire. On était connu, adulé même, mais surtout, respecté. Être vainqueur, c’était avoir une vie ici. Avoir une place au conseil. Décider de la vie du quartier. Kale allait donc devoir prouver sa force durant la semaine à venir. Il sentait le poids peser sur ses épaules mais il était prêt. Il n’attendait que ça.

         Le départ se faisait à 10h. Kale, ainsi que les autres concurrents allaient se retrouver à la Place, l'endroit situé juste au pied du colisée où ils ne pourront pas sortir de toute la semaine. L'endroit se videra au rythme des journées, des morts. A la fin, seul un participant restera dans l’enceinte de l’arène. Celui ci pourra alors profiter des festivités qui seront organisées en son honneur. En attendant, tout le déroulement sera expliqué aujourd'hui aux participants. Même si Kale connaît déjà par cœur toute les règles et le fonctionnement, il fera mine d’écouter bien sagement. Après être entré au colisée, les participants pourront s'entraîner une après-midi. C'est un moment très important, il leur permettra de juger leurs adversaires avant la mêlée. La mêlée se passe le deuxième jour. Tout les concurrents doivent combattre dans l’arène jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que 16. Les combats peuvent durer longtemps comme ça, mais ils sont immédiatement stoppé avant une mort de trop. Pourtant, il peut arriver quelques malencontreux accidents. Ensuite ce seront les Faces à Faces. Les combattants survivants seront tirés au sort et s'affronteront dans un duel où seul le gagnant survivra. Et ainsi de suite, comme un tournoi. Jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un. C'est tout une organisation pour offrir le plus grand spectacle au public.

         Kale a passé ses 5h restantes à rêvasser. Il n'aura sûrement plus le temps après. Il s'imagine au centre de l’arène, tous les regards tournés vers lui. Il se plait également à imaginer l’intérieur du colisée. De ce que lui ont raconté ses parents, tout n’y est que luxe et les concurrents sont traités comme des rois. C’est une vie de rêve qui s’offre à lui. Kale est maintenant sur le point de partir. Pas d'adieux déchirants avec ses parents, un simple hochement de tête, une tape dans le dos, c’est également le moment qu’ils attendent depuis sa naissance. Étant fils unique, Kale est le seul qui peut faire perdurer la réputation de la famille. Kale sait bien que ce n'est pas sa mort que ses parents redoutent, mais la honte que leur attirerait sa défaite. Il sait qu'il ne doit pas les décevoir. De toute façon, il n'y a qu'une seule issue, la victoire. Il n'a pas le choix.




CHAPITRE 2





          Kale se dirige vers la place. A cette heure-ci nombreux sont les Shapeshifters qui sont à leur fenêtre pour regarder les futurs concurrents rejoindre le lieu de la compétition. Kale sait qu’ils seront encore plus nombreux à entourer la place. Ces jeux sont une véritable animation pour tout le quartier. Tout le monde n’attend que ça toute l’année. Quand cette période de l’année approche, c’est l’effervescence. Kale sent sa peau devenir électrique au fur et à mesure qu’il sent les regards se poser sur lui. Il est fière. Très fière même. Il se pavane un peu c’est vrai mais il salue chaque personne qu’il croise. Il a même l’impression de faire son petit effet. Kale est un jeune homme sociable, blagueur qui aimait le contact, alors se retrouver au centre de l’attention ne le dérange pas du tout. Il savoure son trajet. C’est le début de la gloire. Arrivé à la place, il ne s’était pas trompé, de nombreux habitants se sont massés et attendent la venue de tous les participants. Beaucoup poussent des cris ou applaudissent dés qu’un nouveau concurrent vient se placer au centre. Un homme se tient debout, sur une estrade devant le colisée et les premiers concurrents sont massés devant lui. Kale va se joindre à eux. Il connaît la plupart des participants sur cette place. Certains le reconnaissent, lui sourient et d’autres restent fermés, concentrés. Mais Kale reconnaît immédiatement un visage familier.

"Wima ! Comment ça va ? Je savais pas que tu participais !"

         Wima de son vrai nom Wilhelmina est une amie d’enfance de Kale. Ils ont le même âge et se sont entraînés de nombreuses fois ensemble. C’est une jeune fille assez grande, mince à la peau pâle et aux yeux clairs. On pourrait dire qu’ils sont comme meilleurs amis. Finalement, quand Kale ne s’entraine pas, c’est avec Wima qu’il passe tout son temps. Il est réellement content de la voir ici, partager une expérience aussi incroyable avec une amie, c’est toujours mieux non ? Quand elle le reconnaît son visage s’illumine.

"Kale ! Oui je te l’avais pas dit je voulais te faire la surprise ! Elle regarde un peu autour d’elle, dévisageant les autres participants. Je suis un peu stressée, je me suis entraîné dur cette année mais tout le monde à l’air si .. déterminé."

         En effet Kale voit très bien de quoi elle parle. Les autres ne se mêlent pas, chacun reste de son côté. Kale et Wima sont les seuls à discuter. Même si certains sourient lorsqu’on les regarde, ils retournent très vite dans leurs pensées. L’atmosphère est lourde. Tout le monde se dévisage essaie de se jauger. Le climat violent des jeux se fait déjà ressentir.

"Ne t’inquiètes pas, je suis sûr que tu va tous les éclater. "

         Et il le pensait sincèrement. Wima était très douée. Elle maniait la lance à la perfection, gardait la tête froide et faisait preuve de beaucoup d’endurance. Ses chances de survie étaient énormes. En tout cas, elle passera la mêlée. Ils se sourirent. C’était comme si ils ne réalisaient pas qu’ils allaient peut-être devoir s’entretuer. Si tous les deux survivaient à la mêlée, il y avait de grandes chances pour qu’ils se retrouvent lors des face à face. C’était comme si ils avaient chassé cette éventualité de leur esprit. Ou bien qu’ils ne l’avait pas réalisé.

         Un son de gong retentit. C’était l’heure. L’homme placé devant le dortoir prit la parole. Kale l’avait reconnu. Roy. Cet homme présentait les jeux depuis bien une dizaine d’année.

"Jeunes gens, bienvenue à vous. Mon nom est Roy. Je serai votre référent pour cette 38ème édition des jeux. Mes collègues et moi même sommes heureux de vous accueillir cette année. Nous saluons votre courage. Cette compétition est l’occasion de donner le meilleur de vous même, de prouver votre valeur. Le vainqueur se verra attribué une place de choix au conseil. Bien sûr je pense qu’il est inutile de vous le rappeler. Si vous êtes ici, c’est avant tout pour la compétition. Laissez moi vous annoncer le programme. Demain sera une journée d’échauffement, vous aurez 24h pour vous entraîner et prendre vos marques dans l’arène. Pour l’instant, je vais vous demander de vous diriger à l’intérieur du colisée pour valider votre inscription et signer votre contrat. Bonne chance à tous."

         A peine eut-il finit sa phrase qu’un tonnerre d’applaudissements retentit. Kale applaudissait et tous les Shapeshifters présent sur la place aussi. Il se tourna vers Wima, un large sourire illuminant son visage. Elle le lui rendit. Kale sentait son coeur battre. Il n’avait qu’une envie : commencer.





CHAPITRE 3






          Il était 6h et Kale était déjà debout. Il avait passé sa première nuit dans le colisée et était prêt à attaquer la journée d’échauffement. Il avait placé ses affaires ainsi que son contrat dans un coffre. Tous les participants en avaient un et il fallait impérativement que l’intégralité des effets personnels du concurrent y soient. On rendait le coffre aux familles des perdants. Tout cela était stipulé dans le contrat que Kale avait signé hier. Ce papier permettait de protéger les organisateurs de toute poursuite judiciaire lorsque les jeux engendraient la mort. Il plaçait également le candidat et sa famille sous silence. Le reste d’Ewilem ne devait pas apprendre ces pratiques. Même si le quartier de Venatio était constamment fermé, certains marchands étaient quand même amenés à se rendre à l’extérieur pour y rapporter des vivres. Kale avait passé la veille à s’extasier de la beauté du colisée avec Wima. Ses parents ne lui avaient pas menti. Kale n’avait jamais rien vu d’aussi beau. Le colisée semblait si propre et bien construit contrairement aux habitations habituelles des shapeshifters.. Le dortoir n’était que provisoire. Les 16 survivants à la mêlée se verront chacun attribuer une chambre des plus luxueuses. Literie, meubles en bois sculpté, nourriture à volonté, tout est fait pour ressembler à ce que les humains appelaient autrefois des hôtels. C’était un premier pas vers le luxe qui attendait le vainqueur de ces jeux. Ce matin donc, Kale n’avait pas dormi longtemps, trop impatient de commencer les entraînements. Après s’être habillé, il avait descendu les marches pour se rendre à la salle des armes. La plupart des autres dormaient encore. Ils étaient 34 à concourir. Kale savaient que si il voulait avoir le temps de jauger les armes, il fallait arriver avant tout le monde.

         La salle des armes était spacieuse mais sombre. Elle donnait directement sur un couloir qui menait à l’arène. On y trouvait toutes les armes possibles. Il y avait de tout : épées, arcs, harpons, boucliers, masses, gourdins, hallebardes et même des choses qui ressemblaient plus à de l’art déco qu’a une arme. Kale savait ce qu’il voulait. Depuis toujours son arme fétiche était l’épée. Il appréciait la précision de cette arme. En tout cas, il n’était pas déçu, il y avait des épées d’absolument toutes les sortes. Son regard s’attarda sur une lame courte mais effilée.Il la saisit pour effleurer le tranchant de l'acier. Il n’eut pas le temps de plus la détailler, il entendit des pas et une voix grave derrière lui.

"Un lève tôt."

         Grand et carré, le jeune homme qui s’avançait n’avait pas l’air ravi de le voir ici. Kale lui souri franchement. Il restait égal à lui même, toujours près à sociabiliser un peu.

"Même idée hein ?"

         Pendant que Kale parlait l’autre s’était considérablement rapproché. Il s’était lui aussi mit à détailler les épées et en avait saisit une, la faisant rouler entre ses doigts. Kale s’aperçut qu’ils faisaient la même taille. Les sourcils froncés, l’autre reprit.

"Je t’ai vu hier sur la place. T’as pas l’air de prendre ça très au sérieux. Je vais te dire. Arrête de faire le malin ou tu va y laisser ta peau."

         Son ton était menaçant, ce n’était nullement un conseil. Kale continua de sourire en secouant un peu la tête. A l’évidence, tout le monde n’avait pas sa nonchalance. On était là pour gagner d’accord, mais on pouvait bien prendre le temps de savourer un peu le moment non ? Il fit quelques moulinets du poignet avec sa lame puis la reposa sur la grille où elle était fixée, non sans effleurer le garçon au passage.

"Merci du conseil mais je crois que je me débrouillerai très bien tout seul. Il se dirigea vers la porte d’entrée mais s’arrêta avant de franchir le seuil. Moi c’est Kale"





CHAPITRE 4





         La journée d’entraînement touchait à sa fin. Kale avait tout donné, il avait observé ses concurrents et essayait de dresser un tableau de leurs compétences dans sa tête. Par chance il avait bonne mémoire. Lui même l’avait joué tactique. Il n’avait montré que la moitié de ce qu’il savait faire. Si il voulait une chance de gagner il ne fallait pas tout dévoiler dès le premier jour. De plus, il ne voulait pas trop se fatiguer avant la mêlée. Il ne manquerai qu’il se retrouve courbaturé le lendemain. En tout cas, jouer les durs avait été plutôt facile à éviter. Finalement, il trouvait que tout ceux qui se la jouaient un peu trop à faire les gros bras étaient ridicules. Trop arrogants sûrement. Lui avait réussi à s’entraîner avec la petite épée qu’il avait repéré le matin. Elle lui convenait tout à fait. Elle ressemblait beaucoup à celle qu’il avait l’habitude d’utiliser. La lame était légère et précise, mais suffisamment épaisse pour bien fendre l’air. Il était satisfait de sa journée. Kale se reposait à l’ombre et observait l’arène. Le soleil tapait et la poussière volait.Ce petit moment de fraîcheur à l’ombre ne se refusait pas. On se laissa tomber lourdement à côté de lui. C’était Wima.

"Alors ? dit-elle le souffle court Tu les trouve comment nos concurrents ?"

         Kale sourit. Wima savait très bien comment il fonctionnait. Ils avaient l’habitude de s’entraîner ensemble. Lui était très observateur, elle lui demandait souvent de lui faire des comptes rendus de sa technique.

"Certains sont coriaces. Ils sont pas la pour rigoler. Il se mit à rire. Même si franchement, y en a qui font un trop les malins.Il va falloir la jouer tactique et ne pas se laisser impressionner. T’as vu ce petit groupe là bas ? Ils frappent fort, font des grands mouvements puissants. Ils veulent faire peur. Ils sont impressionnants c’est vrai, mais quand on regarde bien ils oublient leur garde, ils ne protègent pas leur cou."

         Kale n’hésita pas une seule seconde à partager ses analyses avec Wima. Il avait totalement confiance en elle. Pourquoi en serait-il autrement ? Après tout il se connaissaient depuis l’enfance. Celle-ci lui sourit, hocha la tête en approuvant son compte rendu. Ils se mirent ensuite à discuter de tactique de combat, de prises, d’armes. Ils avaient tout autant hâte l’un que l’autre.





CHAPITRE 5





         La mêlée. Ça y était. Le grand moment. Le tant attendu. Kale allait se lancer dans les jeux. Il se sentait prêt. Pourtant il ressentait quelque chose de plus fort que son trac. De la peur ? Non impossible. Pas maintenant. Pas si près du but.
Il était avec tous les autres concurrents massé dans le couloir. Ils attendaient. Tout le monde trépignait, faisait jouer ses muscles, craquer ses articulations mais surtout, se dévisageait. A la fin de l’après-midi, la moitié d’entre eux seraient morts. Restait à savoir qui. Lorsque le gong commenceraient à sonner, ils entreraient tous dans l’arène. C’était le moment que tout le monde attendait. Le grand moment de gloire. Le public les acclameraient, hurlerait de joie, leur jetterait des gerbes de fleurs qui finiraient bientôt éclaboussées de sang. Ils se placeraient ensuite en cercle au centre de l’arène et attendraient le signal. La bataille ferait rage jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que 16.

         Une musique retentit. Un long frisson parcouru le dos de Kale. Il commença à marcher dans le couloir, en file indienne avec les autres, fixant la lumière au bout qui le mènerait à l’arène. La foule hurlait. Il prit une grand inspiration et mit un pied sur le terrain. C’est maintenant. Les acclamations lui saisirent les oreilles. La lumière si vive lui brûla la rétine. Il était émerveillé. L’arène était gigantesque. Les tribunes étaient rempli, des fleurs volaient. C’était la première fois que le public les voyaient. Kale ne put retenir son sourire, sa main salua le public. C’était son heure de gloire. Il avait attendu ça toute sa vie. Il s’imaginait ses parents, dans les tribunes. Une fierté immense l’envahi. Il savait pourquoi il était là. Il s’arrêta sur le point tracé au sol pour que les concurrents forment un cercle parfait. Positionné ici, Kale oublia le public. Il se concentra. Il commença à analyser qui se trouvait à côté de lui. Les armes étaient déposées en tas au milieu. Il repéra son épée qui brilla quelque part dans la pile. Il commença à bander ses muscles. Quelque part dans les tribunes, Roy prit la parole, présentant les concurrents au public, rappelant les quelques simples règles de ces jeux.. Kale ne l’entendait pas, il fixait les armes.

"Que la 38ème édition des jeux de Venatio commencent !"

         Au coup de gong, Kale bondit. Il était bon en sprint, il atteignitt le tas d’armes dans les premier.  Il allait se jeter sur son arme quand une force le tira en arrière. Kale se retrouva à rouler dans la poussière. Un concurrent lui avait sauté dessus et l’avait plaquéau sol. Il n’avait pas d’arme. Il n’avait pas eu le temps. Kale roula sur le côté, balança son genou dans le ventre de son assaillant. Vite, il fallait qu’il atteigne le tas. Il tenta de déséquilibre l’autre avec un coup de coude. Succès. Son assaillant eut un mouvement en arrière ce qui laissa le temps à Kale de se jeter en avant vers le tas. Il fondit sur son épée. Au même moment, le garçon qui l’avait attaqué lui saisit le pied. Kale s’éffondra, tiré en arrière. Mais pendant sa chute, il eu le temps de retourner. Il se retrouva au sol face à son adversaire et jeta son bras vers lui. Son épée s’enfonça dans le torse du jeune homme. Il planta ses yeux dans ceux de Kale. Il n’y vit que de la peur. Un filet de sang rouge vif fusa de ses lèvres et il s’écroula, son sang ruisselant le long du bras de Kale. Il était cloué au sol. Il commença à suffoquer. Ça y était. Il l’avait fait. Il avait tué son premier ennemi. Pourtant, la sensation qu’il ressentait à cet instant présent était loin de ce qu’il s’imaginait. Il n’était pas fier ou satisfait. Il avait juste envie de vomir.

         Kale reprit ses esprit. Il sortit la lame du torse du garçon et se remit sur ses pieds. D’un rapide coup d’oeil, il détailla les alentours. Des cadavres jonchaient déjà le sol. Partout, du sang fusait. La respiration de Kale s’accélérera. Ça ne se passait pas du tout comme il l’avait prévu. D’extérieur tout cela ne semblait pas aussi ... bestial. Aussitôt il se retourna une fille fonçait sur lui. Il la reconnaissait. Elle faisait partie du groupe de ceux qui tentaient de l’impressionner la veille. En poussant un cri de rage elle lança une masse sur lui, Kale se jeta au sol pour l’esquiver. Elle dégaina alors une dague et fondit sur lui, le regard brûlant. Elle l’atteint au torse. Kale hurla de douleur. Elle essaya de le maintenir au sol mais il était bien plus fort qu’elle. Il se dégagea et la repoussa le plus loin qu’il put en espérant qu’elle ne reviendrait pas à la charge. Il n’avait pas envie de la tuer. Mais la fille se releva et bondit aussitôt vers lui. Ses yeux croisèrent les siens. Il ne vit que la haine cette fois-ci. La dague de la fille lui effleura la joue. Kale essayait d’esquiver sans porter de coup mais il grimaçait de douleur. Le sang coulait le long de son torse. Mais qu’est,ce que je fous. C’est pas ce qui était prévu. Il faut que je la tue ! Il serra les dents. Il n’avait pas le choix. Autant faire ça vite et bien. La jeune fille frappait fort mais elle oubliait sa garde. Son cou n’était pas protégé. Il lui trancha proprement la carotide. Elle s’écroula sur Kale qui la porta au sol. Il s’éloigna alors qu’elle convulsait, son sang se mêlant au sable. Kale, complètement étourdi et haletant n’eut pas le temps de s’éloigner plus. A droite et à gauche d’autres ennemis fondaient sur lui. Celui de droite lança son épée vers la tête de Kale. Celui-ci se baissa en pivotant sur lui même pour trancher le ventre de celui de gauche qui tentait de lui transpercer la cage thoracique. Dans le même mouvement Kale enfonça son épée dans la gorge de l’assaillant de droite. Un coup de gong retentit. C’était fini. Ils étaient 16. Il avait réussit. Kale se laissa tomber au sol, une main là où la fille l’avait atteinte. Après cette victoire, Kale s’attendait à ressentir de le fierté. Mais rien. Toujours cette envie de vomir. Ses jambes tremblaient.





CHAPITRE 6







         Kale fixait le mur en face de lui. Juste après la mêlée, il s’était glissé dans cette petite pièce qui se trouvait derrière la salle des armes. Il avait repéré cet endroit la veille. Un endroit où personne n’allait. Les images du combat tournaient dans sa tête. Qu’est-ce qu’il venait de se passer ? Qu’est-ce qu’il était en train de se passer ? Il tremblait de tout son corps, son coeur semblait vouloir exploser, ses mains étaient moites, du sang coulait de son torse, là où il avait été touché et la pièce semblait avoir été vidée de tout son oxygène. Qu’est-ce qu’il était en train de lui arriver ? Il devrait être en train d’exploser de joie, se mêler aux autres et fêter leur victoire, parader au milieu de l’arène sous les cris de joie des spectateurs. Mais il était là. Seul, dans le noir, et apeuré. Ses ongles s’enfonçaient dans sa peau. Il porta un regard à ses mains. Du sang. A qui appartenait-il d’ailleurs ? C’était sûrement ça qui effraya le plus Kale quand il vit ce sang sur ses mains. Ne pas savoir à qui il était. Il gratta furieusement la petite pellicule rouge devenue presque noire. Ça ne partait pas. Il grattait si fort que c’était maintenant son propre sang qui vint se mêler à celui-ci. L’air lui manquait de plus en plus et tout tournait autour de lui. Et puis d’un coup, il tomba en avant et se mit à vomir.


          On était le lendemain matin. Après sa crise d’hier, Kale en était arrivé à la conclusion qu’il ne devait pas montrer ça aux autres. Personne ne devait le voir. Il avait été faible et il ne pouvait faire le cadeau de le révéler aux autres. Même à Wima. La confiance qui l’avait habité en arrivant dans le colisée avait disparue. En quoi pouvait-il avoir confiance ? Tout ce qu’il avait vu en regardant dans le miroir ce matin c’était un monstre.

Kale avait passé le reste de la journée d’hier à sourire. Discuter avec les autres lui semblait encore trop difficile mais il était persuadé qu’il finirait par y arriver. Finalement, ce faux sourire qu’il arborait presque continuellement n’était pas si difficile à porter. Ce matin là, il avait tenté de profiter un peu de sa première journée dans cette chambre luxueuse qui lui avait été attribuée. Jamais il n’avait vu de choses aussi belles. Les tissus et le bois semblaient être sorti d’une autre époque. La famille de Kale n’était pas pauvre, loin de là, mais ce n’était pas chez lui qu’il allait trouver de tels meubles. Un buffet se trouvait à disposition à même la chambre mais Kale n’avait pas pu avaler une miette. Finalement la présence de cette nourriture était une bonne chose. Il allait pouvoir prétexter avoir déjà mangé dans sa chambre quand il se retrouverait au buffet de la salle commune. Pourtant rester ici ne se révélait pas aussi agréable qu’il avait pu le penser. Après tout, c’était parce qu’il était devenu un meurtrier qu’il avait droit à ce luxe. Il n’avait donc pas tenu bien longtemps et s’était empressé de sortir de cette pièce. Aussitôt avait-il poussé la porte de sa chambre que Wima avait fondu sur lui. Elle disait trépigner devant sa porte depuis au moins des heures mais elle n’avait pas voulu déranger une des nouvelles stars de Venatio. Kale s’était forcé à rire, sachant bien que ça aurait été la réaction qu’il aurait eu dans un autre contexte. Il avait l'impression de se laisser complètement entrainé par le courant. De réagir de manière automatique. Non naturelle. Wima avait tenu à visiter sa chambre pour pouvoir comparer avec la sienne. Elles étaient identiques. La jeune fille n’avait de cesse de s’émerveiller devant chaque détail de la pièce. Elle s’extasiait sur la vie qu’ils étaient en train de mener. Il fallait dire qu’ils étaient traités comme des rois. Mais plus que ça, Wima était emballée par le programme de la journée. Elle semblait elle aussi un peu déboussolée par les événements de la veille mais le luxe de leur hébergement avait tôt fait de lui remettre les idées en place. Pas Kale.

          Les affrontements pour les tournois avaient étés tirés au sort. Après lui avoir baragouiner on ne sait quoi sur les face à face, Wima l’avait attrapé par la main pour aller voir le tableau annonçant les prochains combats. Il n’aurait pas réussit tout seul. Ses jambes étaient comme coupées. Pourtant en passant devant les autres, Kale se força à arborer la même expression que Wima, calquant ses réactions sur les siennes. Il devait être bon acteur puisqu’elle ne semblait se douter de rien. Devant le tableau, Kale découvrit son nom en face de celui d’une jeune fille. Elisa. C’était donc le nom de celle à qui il devait ôter la vie. Toute excitation en prévision de ce combat avait disparu. Pourtant il avait attendu ça toute sa vie. Pourquoi n’arrivait-il pas à se réjouir ?

         Le premier combat avait démarré. Il opposait le garçon qui était venu le voir dans la pièce des armes la veille,un dénommé Sven, à un certain Cole. Kale tâcha de retenir les noms. Il s’était forcé à assister à ce combat, sachant qu’il était le prochain. Il voulait voir à qui il allait avoir affaire. De toute façon, ne pas être vu dans les tribunes alors qu’on était un concurrent n’allait pas lui rapporter des points auprès du public. De plus, Wima avait insisté pour voir ce combat avec lui. «Tu te rends compte ! On attends ça depuis si longtemps !» Avait-elle dit. Kale s’était forcé à arborer un air joyeux et d’acquiescer. En effet il attendait ça depuis longtemps mais il était loin de se douter à quel point il détesterait cette réalité. Wima se tenait assise à côté de lui, des étoiles dans les yeux.

"J’y crois pas de pouvoir enfin voir les jeux d’ici !"

         Elle parlait de la tribune. Les combattants avaient une place de choix. Aux premières loges, leur espace était luxueux, comme le reste du colisée. Si ils voulaient quelque chose, ils n’avaient qu’à lever le petit doigt. Kale hocha la tête et sourit à Wima. Il aurait dû répondre quelque chose pour donner le change mais sa gorge était trop serrée. Sa voix risquait de trembler. Il fixait le combat, ne pouvant détacher ses yeux du spectacle. Il devrait sûrement affronter le survivant. Wima se plaisait bien ici. Elle profitait de tous les avantages que pouvaient lui apporter le fait de concourir. Elle leva une main et aussitôt quelqu’un fut à côté d’elle pour la servir. Ils échangèrent quelques mots et l’homme revint quasiment aussitôt avec un plateau de fruit. Wima se servit et en proposa à Kale. Il déclina avec un sourire. Oh pas que ces fruits qu’il ne connaissait même pas ne lui faisaient pas envie non. C’était juste qu’il avait l’estomac bien trop noué. On ne manquait de rien ici. Même les médecins étaient au petit soin avec les concurrents et chaque blessure était examinée avec la plus grande des précautions. Kale ne sentait quasiment plus l’entaille qu’ il avait au torse.

         Le combat fut rapide. Sven fini le crâne broyé par la masse de Cole, sa cervelle se mélangeant au sable de l’arène. Le public hurlait, les cris de victoire de Cole se mêlant aux acclamations. Kale frémi, c’était à lui. Comme une machine, il se leva. Il se rendit dans la salle des armes pour y récupérer son épée. Bien évidement, des membres de l’organisation se tenaient à l’entrée et le poussèrent gentiment du bras pour l’inviter à entrer sur le stade. Kale eu un regard vers la petite pièce dans laquelle il s’était terré et regretta amèrement de ne pas pouvoir y disparaître. Quand il pénétra dans le stade, la lumière l’aveugla. La foule hurlait toujours. Le public réclamait du sang. Le cadavre avait été évacué mais Kale ne put s’empêcher de remarquer qu’il restait quelques morceaux. Il détourna le regard et se concentra sur ses pas. Il se forçait à lever la tête, sourire, saluer le public comme n’importe quel concurrent le ferait. Il remarqua Wima dans la tribune qui lui hurlait des encouragements. Plus il se sentait trembler, plus il accentuait son sourire. Arrivé au milieu de l’arène, il leva les yeux pour détailler sa concurrente. Elle souriait elle aussi. A vrai dire, elle avait l’air heureuse d’être là. C’était une jeune fille blonde, musclée, qui devait s’entraîner depuis toujours elle aussi. Kale l’avait vu combattre, elle était rapide. Instantanément, il se mit à penser à elle, à sa famille, ses amis. Qui était-elle ? Avait-elle des rêves ? Des projets ? Non il ne devait pas penser à tout ça. Il se compliquait la tâche. Mais c’était trop tard. Les remords commençaient déjà à le hanter. Il s’avança jusqu’à Elisa pour aller lui serrer la main, comme convenu avant chaque combat. «Que le meilleur gagne.» avait-elle dit. «Que le moins pire meurt.» avait-il pensé. Il fit ensuite volte face pour aller se placer dans sa zone et attendit le signal, le cœur au bord des lèvres. Ça recommençait. Le coup de gong retentit et Kale ne bougea pas. Il savait que face à une cible comme elle, il fallait l’épuiser un peu. Elisa fondit sur lui. Elle était armée de deux dagues. A cet instant, il ne voyait plus qu’elle. L’arène avait disparue. Les bouts de la cervelle de Sven aussi. Sa respiration se calma et ses pensées ne se concentrèrent plus que sur les techniques de combat qu’il connaissait. L’heure n’était plus aux principes moraux. Il ancra ses jambes dans le sol et resserra les doigts autour de son épée.. Il devait survivre. Kale se jeta sur le côté. Elisa avait prévu le coup et jeta une de ses dagues dans sa direction. Kale eu un pas en arrière et esquiva chaque coup qu’elle lui portait. Il n’allait pas tenir bien longtemps à cette allure là, elle était trop rapide. Lorsqu’elle plonge une troisième fois en avant, il saisit son poignet et le tordit en arrière pour l’obliger à se stopper. La fille lutta un peu, s’arc bouta et tenta de le faire basculer au dessus d’elle. Si Kale n’avait pas été aussi en forme, elle l’aurait envoyé valser dans la poussière. Il lâcha sa prise et reprit son épée. Elle lui fit face et reprit ses attaques répétées à la dague. La fille semblait contenir son rire. Un rire d’excitation sûrement. Ils jouaient. Enfin elle jouait. Kale se contentait d’être le plus efficace possible sans vraiment réfléchir à ce qu’il faisait. Il voulait finir vite. Kale para les coups cette fois-ci tout en y mettant de plus en plus de force. Au bout d’un moment, elle fut forcé de reculer. Là il avait sa chance. Il pivota sur lui même pour lui envoyer son coude dans le ventre. Elisa souffla quand le coup l’atteignit et elle se plia en deux. Là, il envoya son genou dans le menton dans son adversaire. Automatiquement, le corps de cette dernière bascula vers l’arrière et elle découvrit son torse qui n’était plus protégé par les deux dagues qu’elle tenait devant elle. L’épée de Kale s’enfonça dans la poitrine de la concurrente et il la regarda s’effondrer sur le sol, un filet de sang coulant du bord de ses lèvres. Quand il réalisa ce qu’il venait de faire, il était trop tard. Il n’avait pas réfléchit. Il avait joué. Elle était morte. Il n’avait pas mit bien longtemps avant de redevenir un meurtrier.





CHAPITRE 7






         L’obscurité. De nouveau. Kale était encore dans la petite pièce du fond. Il venait de finir son combat contre une certaine Rose. Et il venait de vomir. Encore. Deux jours s’étaient écoulés depuis son premier face à face. Trois combats donc. Il avait éliminé Elisa, Cole et maintenant Rose. Pour garder les pieds sur terre, Kale tachait de dresser la liste des gens dont il était responsable de la mort. Une façon de se punir en somme. Malheureusement, il arrivait rarement au bout sans être prit de spasmes et vomir une nouvelle fois. Il s’était beaucoup trop vite habitué au fait d’être un tueur. Bien trop vite à son goût. Les heures passées dans le colisée était insoutenable. Cet endroit faisait apparaître une facette de lui qui le terrifiait. Alors il jouait un rôle, portait un masque et ne s’autorisait à craquer que ici ou dans sa chambre. Mais le luxe de ses quartiers l’oppressait. Il avait tué pour l’obtenir. Pourtant à chaque fois qu’il entrait dans l’arène, il était quelqu’un d’autre. C’était comme si il mettait sa conscience de côté. Il tuait. C’était tout. Kale perdait de l’état. Même si il faisait tout pour le cacher, ça commençait à se voir. Entre l’estomac noué et les vomissements, autant dire qu’il n’avalait pas grand chose. Il était également incapable de fermer l’oeil de la nuit. Ou si par miracle il y arrivait, il était tiré de son sommeil par d’horribles cauchemars. Si il ne voulait pas que son état soit remarqué par ses concurrents, il ne devait donc pas se laisser aller au sommeil devant eux. Les murs entre les chambres étaient fins. Un hurlement pouvait s’entendre d’une pièce à l’autre. En deux jours, les talents d’acteurs de Kale s’étaient largement améliorés. Il arrivait à donner le change avec beaucoup plus d’aisance. Cette capacité à mentir si aisément était encore une fois quelque chose qui l’horrifiait. Il pouvait assurer quelque chose à une personne les yeux dans les yeux sans frémir en sachant très bien que c’était faux. De la malhonnêteté, c’était tut ce que c’était. Seul son corps fatigué, ses cernes apparentes et le léger tremblement de ses mains pouvait le trahir. En apparence, il était souriant, chaleureux et plaisantait même. En contrepartie, il passait plus de temps dans cette petite pièce sombre. Ici il était lui même. Une version de lui même qu’il n’avait jamais connu mais c’était bien lui, recroquevillé dans le noir, attendant patiemment de se réveiller du cauchemar.

         Ce qui tenait Kale au fond de ce recoin aujourd’hui était Wima. Son amie s’en sortait bien. Très bien même. Elle était elle aussi arrivée en quart de final. C’était ça qui inquiétait Kale. Maintenant qu’il venait de triompher de Rose, ils n’étaient plus que trois. Les chances pour qu’il affronte Wima étaient énormes. Qu’est-ce qu’il ferait à ce moment là. Passerait-il en mode automatique comme il le faisait pour chaque combat ? Non, là c’était facile, il ne connaissait pas ces gens. Mais Wima. Wima c’était différent. Il la connaissait depuis toujours. Il ne pouvait déjà pas se regarder en face en ayant tué des inconnus. Alors sa meilleure amie. Il sentait bien que les jeux avaient creusé un fossé entre eux. Kale se rendait compte qu’elle ne pensait pas comme lui. Elle s’amusait ici. L’inquiétude qu’il avait vu dans ses yeux après la mêlée avait disparu. Elle avait prit beaucoup d’aisance depuis. Elle tuait sans sourciller. Le public l’aimait et elle aimait le public. Kale avait triomphé de son combat contre Rose, ça signifiait qu’il allait en final. Il ne lui restait qu’un seul adversaire. Wima affrontait cet après-midi un garçon du nom de Victor. L’issu de cet après-midi ne pouvait être que fatal. Soit Kale allait regarder son amie mourir, soit il allait devoir la tuer lui même. Ou bien se laisser mourir. C’était une éventualité qui le tentait de plus en plus. De toute façon il ne pourrait pas tuer Wima. Mais peut-être que elle non plus. Que se passerait-il si ils refusaient tous les deux de combattre ? En final ? Non ils ne pouvaient pas c’était impossible. Si près de la victoire. Pour Kale ça ne signifiait plus grand chose, il s’était déjà bien trop sali les mains. Il savait que sa vie ne serait plus jamais la même après ça. Alors à quoi bon. Mais pour Wima ? Plus les combats avançaient plus elle prenait de l’assurance, la perspective de la victoire l’enivrait. Mais elle ne devait pas non plus avoir envie de le tuer. Au fil des jours, elle s’éloignait de plus en plus de Kale, une certaine tristesse au fond des yeux. Elle commençait à comprendre que ça pouvait très bien se conclure entre lui et elle. Et il ne pouvait y avoir qu’un seul vainqueur. Wima s’isolait donc, concentrée sur son but. Kale se mêlait aux autres pour ne pas éveiller les soupçons quant à son état, mais il ne pouvait que regretter cette amitié qui ne passerai sans aucun doute pas les jeux.

         Depuis plusieurs jours, Kale cherchait une solution pour se sortir de là. La fuite était la première chose à laquelle il avait pensé. Il pouvait se glisser hors de l’arène sans aucun soucis. Les portes du colisée étaient gardées mais ce n’était pas ça le problème. Il ne pouvait pas déserter. Il y a quelques années, un garçon avait tenté de le faire et son visage tournait en boucle dans l’esprit de Kale. Ce garçon avait participé aux jeux il y a deux ans. Juste après son premier face à face, la malheureux avait fuit le colisée et s’était terré chez lui. Le quartier ouest n’était pas grand et tout le monde se connaissait. Les autorités n’avaient pas mit longtemps à la retrouver. Le pauvre garçon ne pouvait pas fuir, le quartier était clôturé et il était impossible d’y rentrer comme d’y sortir. Et puis pour aller où ? A l’extérieur ? Le reste du monde était bestial, incivilisé, sauvage. En tout cas c’est ce qu’on disait de ces shapehifters, ceux qui abandonnaient leur forme humaine pour retrouver la vie primale d’un animal. Ceux qui avaient des coutumes barbares. Kale ne les avaient jamais vu. Il savait qu’ils n’étaient pas si différents, qu’il était lui même capable de changer de forme. Ça lui était même déjà arrivé. Par inadvertance. Il était enfant et avait voulu essayer bien qu’on avait de cesse de l’effrayer avec des histoires sur ces barbares de l’extérieur. Âgé de quatre ans à peine, il lui avait fallut plusieurs semaines pour se remettre de la punition qui lui avait été infligée pour avoir osé faire appel à l’animal en lui. Le garçon des jeux d’il y a deux ans étaient donc piégé. Les organisateurs des combats l’avaient ramené au colisée. Son sort dû y être discuté si bien que les jeux prirent une journée de retard. Dés ce moment, le fugitif fut détesté par la foule. Son avenir était déjà perdu donc. Le lendemain, les délibérations touchèrent à leur fin. Il y eu un petit changement dans les règles. L’ensemble des concurrents furent amenés au centre de l’arène. Le jeune homme était enchaîné, entouré par deux gardes. Chaque concurrent était armé. Pas lui. Il fut décrété que pour punir toute sorte de désertion, sous prétexte que cela salirait la prestance des jeux, mais surtout pour rappeler au quartier tout entier quelle protection contre le monde extérieur il offrait, on allait obliger ce garçon à recouvrer sa forme animale. Il serait mit à mort par l’ensemble du groupe. Un combat que l’on appelait Venatio. Un homme contre un animal. La pratique d’où le quartier tirait son nom. Bien sûr, la consigne était de faire durer le plaisir le plus longtemps possible. Le garçon avait hurlé s’était débattu, avait imploré mais les dés étaient jetés. Sous la torture il céda. A la place de ce jeune homme se tint un cerf, complètement paniqué. Le shapeshifter ne devait jamais avoir été au contrôle d’une telle forme. Quand l’animal commença à fuir, il n’avait de cesse de s’écraser sur le sol, n’arrivant pas à contrôler ses quatre membres. Les autres concurrents lui laissèrent un peu de répit et quand il sembla avoir assez d’aisance pour courir, la chasse commença.

         Le souvenir de cet événement auquel il avait assisté ne laissait donc aucune possibilité à Kale. Il ne pouvait pas finir comme cet homme. Fuir n’était pas la bonne solution. Et même si il arrivait à sortir de son quartier, qu’allait-il faire ? Il ne serait plus protégé, il se retrouverait dans cette jungle qu’était le monde extérieur, entouré de barbares, d’animaux. Il valait mieux la mort plutôt que de finir dans ce monde là. Alors justement, il pouvait se laisser mourir dans l’arène. Refuser de combattre. Mais c’était arrivé les années précédentes, et ceux qui avaient commis un tel acte avaient condamné leur famille. Ici, être affilié à un lâche c’était signe de fin. C’était pire que d’avoir refusé de participer aux jeux. Il était impossible d’avoir une quelconque influence alors que les non participants étaient tout simplement ignorés. On était rejeté, mis à l’écart. On avait plus qu’à mendier en espérant obtenir quelques miettes. Kale ne pouvait pas imposer ça à sa famille. Il n’avait pas le choix.il devait continuer. Il devait gagner.





CHAPITRE 8






         Elle convulsait. Du sang coulait de sa bouche par flots. Elle se vidait de son sang. Wima se vidait de son sang. Kale était assis dans les tribunes et ne pouvait détacher son regard de la scène. Wima était à quatre pattes sur le sol, une main contre sa gorge d’où s’échappait des marres de sang. Elle tomba sur le ventre en vomissait un dernier litre de sang et elle s’écroula, le corps secoué de spasmes. Le public était enflammé mais Kale ne l’entendait pas. Il ne voyait même pas Victor qui balançait son poing dans les airs, hurlant lui aussi des choses à la foule. Kale ne voyait que Wima. Ce qu’il restait de Wima. Un petit tas ensanglanté au milieu de la poussière. C’était fini. Il n’allait pas devoir la battre. La bouffée de soulagement qu’il ressentit à cette pensée manqua de le faire vomir. Le combat avait duré toute l’après-midi. C’était sûrement un des affrontements les plus longs que les jeux aient jamais connus. De force égale, les deux combattants s’étaient affronté jusqu’à l’épuisement. Un seul tout petit moment d’inattention avait été fatal pour Wima. La hallebarde de Victor était venue se planter dans son cou et ça avait sonné la fin du combat. Wima gisait dans la poussière et Victor défilait, adulé du public. Kale était collé à l’estrade. Il ne pouvait pas faire un seul mouvement même ne serait-ce que détourner les yeux. Il était seul dans la tribune. Son seul concurrent dorénavant se trouvait au milieu de l’arène, paradant autour du cadavre de son amie. Son amie qui n’était plus. Kale tenta de chasser les images de Wima qui lui venaient en tête. Elle qui jouait avec lui quand ils étaient enfant, elle qui le taquinait parce qu’il avait encore fait une blague ratée, elle qui lui apportait un plat qu’elle venait de préparer pour qu’ils puissent aller voir le coucher de soleil ensemble et enfin elle qui le retrouvait sur la place le matin des jeux. Après ce qu’il lui paru une éternité. Kale parvint à se lever, les jambes en coton, le cœur au bord des lèvres. Il arriva en titubant dans la petite pièce et s’assit calmement, prenant ses genoux entre ses bras. Machinalement, il fit tourner le petit anneau d'argent qu'il portait au pouce. C'était un cadeau de Wima. Elle le lui avait offert pour ses 18 ans. Pour fêter son inscription. Tout ça lui parut bien ironique maintenant. Kale préféra rester dans la pièce. Il savait bien qu'on avait du guetter sa reaction dans les tribunes, attendre de voir les deux finalistes se jauger du regard avant le combat décisif du lendemain. Mais il ne pouvait pas tomber sur Victor. Il allait devoir l’éviter jusqu’au lendemain. Il ne pouvait pas visualiser le garçon sans voir Wima vomir des litres de sang. Mais le moment était arrivé. Le combat final. Le but qu’il s’était fixé depuis tant d’année était à sa portée. Il pouvait gagner. Mais tout ça avait prit bien plus d’ampleur que Kale n’aurait pu l’imaginer. Il avait bien conscience que même si il sortait vivant de ce combat, il ne retrouvait jamais la vie qu’il avait avant. Celle-ci lui avait été arraché.C’était comme si il avait ouvert une boîte de pandore. Ce qu’il avait vu ne pourrait plus jamais lui permettre de vivre comme autrefois. Il allait devoir traîner ce fardeau avec lui. Tout ce qu’il pouvait faire c’était tâcher de garder la tête hors de l’eau.





CHAPITRE 9






         Plongeant en arrière, Kale évita de justesse la hallebarde qui filait vers son ventre. Il roula dans la poussière mais se releva aussitôt, face à Victor. Kale n’était plus lui même. Il voulait en finir. Il voulait que tout cela cesse. Il voulait venger Wima. En face de lui, Victor souriait, il interprétait très bien ce qu’il voyait dans le regard de son adversaire. Un désir de vengeance. Victor avait très bien vu que Kale et Wima étaient amis. Ce n’était pas difficile à remarquer. Maintenant il jouait. Il tentait d’épuiser Kale. C’était ça qui l’avait fait triompher contre Wima. La même stratégie pouvait également fonctionner sur lui. Les deux adversaires devaient lutter depuis une bonne demi-heure. Kale était déjà épuisé. Il donnait tout. Aussi bien émotionnellement que physiquement, il n’avait jamais été aussi épuisé. Il était tant que cette folie se termine. La hallebarde de Victor vola beaucoup trop haut cette fois, elle toucha Kale au visage, sur le nez. Sa vision s’emplit de rouge. Sûr qu’il allait garder cette cicatrice toute sa vie. Victor était le gagnant de la précédente édition. Kale l’avait regardé combattre l’année dernière, s’imaginant lui faire face l’année d’après. Il avait tenté d’analyser sa technique de combat au cours des jeux, sachant bien qu’il risquait d’être un adversaire de taille. Il ne s’était pas trompé. Victor n’avait quasiment aucun point faible. Il était puissant, rapide, endurant et surtout intelligent. Il n’était jamais à court d’idée et frappait là où on ne l’attendait pas. Mais Kale lui tenait tête. Il n’était pas mauvais combattant non plus. Mais la rage, amplifiant sa force, l’étourdissait également. Elle le forçait à prendre des décisions hâtives, peu réfléchit. Il s’épuisait. Essuyant le sang qui lui maculait le visage, Kale riposta et enchaîna coups sur coups, droit devant lui, forçant Victor à reculer de quelques pas. C’était une technique à utiliser face à un adversaire puissant. Lorsque celui-ci ripostait, ses appuis devenaient moins solides, il était ainsi forcé de reculer, donnant moins de force à ses coups. Mais Victor glissa sur le côté, reportant son arme devant lui et l’envoya vers Kale. Il plongea au sol juste à temps pour esquiver cette pointe qui aurait pu lui être fatale. Pourtant, étendu sur le sol, le visage vers le ciel, Kale attendit. Il ne se releva pas tout de suite. Victor fondit sur lui et planta son arme droit vers la tête de son adversaire. De justesse encore une fois, il roula sur le côté si bien que la hallebarde se ficha dans le sol. C’était sa chance. Victor saisit l’arme pour la tirer hors de la terre mais Kale fut plus rapide. Il attrapa les avants-bras du jeune homme qui, déjà baissé pour récupérer son arme, manquait d’équilibre. Poussant sur ses jambes pour se relever, Kale entraîna son adversaire au sol, rattrapa son épée et coinça Victor avec son genou. Le vainqueur de l’année précédente se retrouva dos au sol, un genou, lui écrasant le bars gauche, une épée en face de la gorge. L’erreur de Kale fut de le regarder dans les yeux.

         Il sentit Victor s’affaisser sous lui. Son regard changea. Le garçon compris qu’il n’avait aucune chance. C’était finit. Alors il regarda Kale, le visage apeuré, les yeux écarquillé. Il lâcha son arme et leva ses mains, du moins, autant qu’il le pouvait. En secouant la tête, il articula, d’une voix presque inaudible.

" Pitié. "

         Toute la rage de Kale s’envola. Ce mot venait de le ramener à la réalité. Qu’est-ce qu’il faisait ? Innocent ou pas, il allait juste tuer un autre pauvre malheureux. Une victime des jeux lui aussi. Sa vengeance lui parut bien stupide. Ce n’était pas Victor qui avait tué Wima, c’était les jeux. Tous les participants n’étaient que des pions. Lui, Victor, Wima, tous avaient suivi les règles. Tuer ce jeune homme n’allait rien changer. Les jeux allaient simplement triompher. Encore une fois. Devant ce garçon apeuré qui le regardait dans les yeux, Kale redevint lui même. Le Kale qui s’enfermait dans la petite pièce. Celui qui regrettait de s’être embarqué dans de telles horreurs. Pas le tueur. Ils jouaient tous les deux un rôle. Victor venait de faire tomber le masque. Ses épaules s’abaissèrent, sa main commença à trembler sur son épée. Non il n’allait pas tuer ce garçon. Pas un mort de plus. Il refusait de jouer à ce jeu là encore plus longtemps. Mais c’est à ce moment là qu’il réalisa qu’il était bien le seul. On venait une fois de plus de le manipuler.

         Victor eut un sourire carnassier. Sa main agrippa son arme. Il profita de la détresse de Kale pour le renverser. Victor avait lui aussi bien analysé son adversaire. Il avait tapé dans le mile avec sa petite comédie. Bien trop empathique, Kale avait désseré sa prise. La suite ne dura que quelques secondes. Victor prit son élan pour son frapper. Mais ce petit mouvement de recul fut suffisant à Kale pour récupéré son épée et la brandir devant lui. La poitrine de Victor vint s’y empaler et stoppa net le mouvement du garçon. Il  regarda un instant Kale sans comprendre, puis une gerbe de sang lui sortit de la bouche, venant maculer le t-shirt de son adversaire. Victor baissa la tête et découvrit qu’il était trop tard. Avant de s’effondrer sur Kale, il le regarda une nouvelle fois dans les yeux, cette fois-ci avec colère. Kale resta quelques secondes sans bouger, incapable de produire un seul geste. Il sentait le sang encore chaud de Victor ruisseler dans son cou. Le cadavre qui maintenant reposait sur lui l’avait trompé. Il avait joué avec sa pitié. Son empathie. C’était ça qui empêcha Kale de bouger. Il parvint finalement à se dégager quand il entendit les cris de joie de public. Ils avaient un vainqueur. Les jeux avaient triomphé. Toute l’arène avait les yeux rivés sur Kale. Ils hurlaient, acclamaient. Mais Kale ne voyait pas l’arène, juste le visage implorant de Victor.

" Pitié. "






CHAPITRE 10






         Au centre, sur la place, assis devant une table, Kale souriait. Il était un vainqueur. Il avait réussi. Maintenant, tout ce qu’il lui restait à faire c’était de sourire, profiter de la fête en son honneur et saluer cette foule de gens qui venait se présenter à lui. Leurs discussions lui paraissait si lointaine. Tous ces gens débriefaient sur les jeux, se racontaient les meilleurs moments, félicitaient Kale pour ses talents de guerrier. Lui n’était plus là. Il s’était dédoublé. A l’extérieur, il était charmant, agréable, souriant mais à l’intérieur, il était le garçon qui ne pouvait sortir de la petite pièce sombre dans laquelle il se terrait. Celui de qui Victor s’était joué. Il sentait toujours le goût amer que lui avait laissé sa pitié. Il sentait toujours son sang couler le long de son cou. Les jeux étaient fini mais Kale venait de réaliser qu’en réalité, ils se joueraient toute sa vie. Il s’empêtrait dans son propre mensonge en affichant cette façade si joyeuse. Tout cela le faisait suffoquer. Il se détestait. Qu’était-il devenu ? Ou plutôt, était-ce vraiment pour ça qu’on l’avait entraîné toute sa vie ? Qu’on attendait de lui ? C’était ça la vraie vie ? La vie de vainqueur ? Jamais il ne sortirait de ces jeux. Il allait devoir porter ce fardeau toute sa vie. Et pire encore, recommencer. Jusqu’à ses vingts ans il allait devoir retourner dans cette arène. Revivre ce cauchemar.

         Les festivités touchaient à leur fin. Il était temps de rentrer. Ses parents lui firent signe. La vainqueur avait bien droit à un peu de repos. Kale se leva un peu trop promptement de sa chaise. Depuis sa victoire la veille, il n’avait pas eu un seul moment pour lui. C’était fêtes sur fêtes, félicitations sur félicitations, banquets sur banquets. Il n’avait pas pu faire le point, se retrouver face à lui même. Jouer son rôle de vainqueur comblé l’épuisait. Il était sur le point de craquer. Il s’éclipsait néanmoins de temps en temps, histoire de lâcher un peu, mais même là, il ne pouvait pas craquer. Ça se verrait. Il ne pouvait pas disparaître longtemps, il était au centre de la fête et son absence se remarquerait de suite. Tâchant d’adopter un pas assuré, il emboîta le pas à ses parents. Il n’était même pas pressé de rentrer, retrouver sa maison. Il avait eu le temps de réaliser que ça n’arrangerait rien. Sa culpabilité ne s’envolerait pas en passant la porte de chez lui.

         Le trajet jusqu’à la maison s’effectua dans le silence. Ses parents affichaient un air satisfait mais se taisaient. Ils l’avaient évidemment félicité en public. Finalement ça arrangeait bien Kale. Il avait juste à garder ce stupide sourire scotché à son visage. Lorsqu’ils arrivèrent enfin chez eux, sa mère se tourna vers lui et lui dit simplement, un air fier illuminant son visage.
" Allez, va te reposer. Tu l’as mérité."
Tu l’as mérité. Ces mots sonnèrent dans sa tête à lui en faire exploser les tympans. Mérité. Il avait tué. Massacré. Pas mérité. Lentement, Kale se retourna pour dévisager ses parents, la mâchoire serrée, les mains tremblantes de rage. Comment eux, ces vainqueurs de trois éditions consécutives, pouvaient lui dire une telle chose ? N’avaient-ils pas compris ? Ne vivaient-ils pas la même chose ? Naïvement, Kale avait pensé qu’à l’intérieur de leur maison les masques tomberaient. Que ses parents le rassureraient, lui diraient qu’ils comprenaient, qu’ils savaient par quoi il passait et qu’ils allaient l’aider, lui donner des clés pour aller mieux. Oublier. Mais ils semblaient être à des kilomètres de sa réalité. De toute façon, ça ne tenait pas debout. Il ne l’aurait pas entraîné pour les jeux sinon. Ce fut donc face à ses parents ce jour là que Kale réalisa au combien il était seul.

         Il explosa. Toute la frustration, la rage, l’angoisse et la haine de lui même qu’il contenait depuis des jours sorti à ce moment là. Tout ce qu’il devait enfouir en lui. Tout ce qui était caché. Tout ce qu’il ne réservait qu’à cette petite pièce sombre. Les souvenirs qu’il garda de cette explosions de rage demeurèrent très flous. Il se rappela avoir hurlé, frappé, lancé des choses autour de lui. Mais le souvenir le plus précis fut celui de la chaise que son père lui envoya dans le crâne pour qu’il le neutraliser.




Dernière édition par Ra' Aden le Dim 20 Nov 2022 - 14:19, édité 16 fois
Revenir en haut Aller en bas
Ra' Aden
Administratrice aux perso débiles
Administratrice aux perso débiles
Ra' Aden


Messages : 2686
Age : 23
Humeur :

Kale - Jeté dans l'arène Empty
MessageSujet: Re: Kale - Jeté dans l'arène   Kale - Jeté dans l'arène EmptyMar 9 Fév 2021 - 0:36


CHAPITRE 11






         Un monstre. Il était un monstre. Kale était assis dans le noir, recroquevillé en boule dans un coin de la pièce. Il essayait de se concentrer sur sa respiration mais elle s’accélérerait toujours plus. Il devait être 4 heure du matin. C’était la seconde fois que Kale se réveillait cette nuit. La seconde crise. Il avait hurlé bien sûr mais plus personne ne venait le voir. Cela faisait neuf mois qu’il se réveillait en criant chaque nuit. Ses parents n’essayaient même plus de le calmer. A quoi bon ? Ses dents se serraient autour de son pouce. C’était un des moyens qu’il avait trouvé pour se reconnecter au présent, cesser de voir défiler des images des jeux. Il revoyait tout. Chaque nuit. Les autres concurrents. Les perdants. Ses victimes. Mais surtout, il se voyait lui. Il revoyait chaque coup d’épée, chaque mort, chaque vie qu’il avait enlevé. Il était bel et bien un monstre. Qu’est-ce que les jeux avaient fait de lui ? Ils étaient supposés apporter un sens à sa vie, mais là, tapi dans l’obscurité, la seule chose qui avait du sens c’était ses dents contre son pouce qui appuyaient toujours plus fort. L’air lui manquait. Pourtant Kale ne sortait pas. Il ne pouvait pas être vu dans cet état, il faisait bien trop d’effort pour entretenir l’image de ce garçon qu’il avait été. Souriant. Drôle. Sympathique. Heureux. Maintenant il ne pouvait compter que sur ses talents d’acteur. Une autre chose que ces jeux lui avaient apporté. Quand on le croisait dans la rue on le félicitait. Il se forçait à sourire, dissimulant à quel point tout cela l’horrifiait. Et on y croyait. Personne ne remettait en cause sa sincérité. N’émettait le moindre doute. Il était ce vainqueur comblé devenu une célébrité dans le quartier. Alors il sortait peu, incapable de tenir son rôle bien longtemps. Il se cloîtrait ici. Dans cette chambre. Celle qui avait abrité tout ses espoirs de réussite. Si il avait su ...


         Ce qui avait réveillé Kale cette nuit c’était la perspective de son retour aux jeux. En ce mois d’Avril, les inscriptions approchaient. Il allait devoir y retourner. C’était inévitable. Il devait participer les trois années pour espérer se créer une place ici. Ses parents le lui avaient bien fait comprendre. Ils avaient du se faire à l’idée que leur fils jouait un double-jeu, qu’il n’était plus le même passé la porte de la maison. Il s’étaient seulement habitués au fait de l’entendre crier chaque nuit en sachant qu’il irait au bout de ses trois participations. Eux mêmes vainqueurs de trois éditions, ils avaient bien du mal à comprendre ce qui avait changé Kale à ce point. Cette nuit donc, c’était l’image de ce cerf essayant d’échapper à la meute des concurrents qui avait réveillé Kale. Si il ne participait pas, il allait finir comme lui. Ses parents eux même le traîneraient au centre de l’arène. Essayant de retrouver un respiration régulière, il se mit à penser à Ewilem. Ewilem même. Pas Venatio. De ce qu’il en savait, c’était un monde brutal, l’arène n’était qu’un jeu d’enfant à côté. Un jeu justement. Là bas c’était la vie qu’il mènerait. Essayer de sortir du quartier n’était même pas envisageable. En tout cas auparavant. Maintenant qu’il avait goûté à son pire cauchemar, il pouvait difficilement faire pire. Qu’en était-il maintenant ? Puisqu’on lui avait menti sur les jeux, on avait très bien pu lui mentir sur l’extérieur également. Alors il pourrait essayer. Oui il pourrait. Sortir. Cette chose qu’il ne s’était jamais autorisé à imaginer. Peut-être qu’une vie l’attendait à l’extérieur finalement. C’était peut-être finalement plus facile que de retourner en enfer.


         Mais l’utopie avait été bien brève. Cette nuit là il avait donc préparé sa fuite. Il avait emporté les quelques affaires qu’il possédait et s’était rendu vers ce trou dans le grillage qu’il avait repéré depuis quelques mois. Il l’avait observé, sondé, avait écouté, taché d’analyser ce qu’il pouvait se trouver de l’autre côté sans jamais oser franchir ce grillage. Mais cette nuit il avait osé. Il avait attendu que la nuit soit épaisse pour se faufiler à l’extérieur. Pour la première fois de sa vie, il était hors de Venatio. Ça n’avait pas été bien compliqué, personne ne surveillait vraiment les clôtures. Il fallait dire qu’avec les histoires qu’on racontait sur la capitale, personne n’était assez fou pour s’y aventurer. Mais Ewilem, ce n’était pas Venatio. Ce n’était pas vide, organisé, familier. C’était habité, bondé. Même si les shapeshifters ne traînaient pas trop près du grillage, il ne fallait pas marcher bien longtemps pour se retrouver dans des rues animés. Même en pleine nuit. Jamais Kale n’avait vu autant de gens au même endroit. Tous les visages lui étaient familiers à Venatio. Ici, il ne reconnaissait rien. Et malheureusement pour lui, en périphérie, ce n’était pas la meilleure partie de la capital. Et surtout ici, dans le quartier du minotaure. Allez savoir pourquoi, c’était sûrement l’endroit le plus animal d’Ewilem. Ici, presque pas d’humain. C’était le côté bestial qui reprenait le dessus. Celui où régnait la loi de la jungle. Luttant d’abord contre l’effroi que lui procurait ces formes animales si diverses déambulant dans les rues, Kale tâchait de progresser. C’était si ... étrange. Il était entouré d’animaux dont il ne pouvait même pas nommé l’espèce. Il n’en avait jamais vu. Finalement, ce qu’on racontait sur la capitale dans son quartier s’avérait vrai. Partout autour de lui, il pouvait entendre des éclats de voix, des cris, des sons qu’il ne pouvait même pas reconnaître, des échos de lutte, des appels au secours. Ici, on réglait ses comptes par la force. Et justement, il fut projeté au sol par une masse de muscle qui le percuta de plein fouet.


         A peine eut-il le temps de comprendre ce qu’il se passait qu’il avait dégainé son arme. Devant lui, un bison et un puma roulaient au sol. Ils se battaient, l’un saignait, l’autre rugissait. Les deux adversaires avaient roulé sur Kale qui passait malheureusement par là. Haletant, terrifié par les deux monstres, le jeune homme brandit son arme. Stoppant le combat, le bison se retourna vers lui.
"Qu’est-ce que tu fous là toi ? Degage."
Et d’un coup de corne il empala le puma qui roula dans la poussière à quelques mètres se vidant de son sang. Kale se fit solide sur ses appuis. Il était de retour dans l’arène. Il ne réfléchissait plus. Si il voulait vivre, il devait se battre. Le bison se retourna vers lui et commença à gronder.
"Oh ! T’es sourd ? Je t’ai dit de dégager. Ça te regarde pas ce qui se passe ici."
Et voyant que Kale ne répondait pas, il fondit sur lui. Mais le jeune homme l’attendait et il fit un pas de côté, esquivant la charge. Il profita de son agilité pour fatiguer la bête et quand celle-ci voulu lui asséner un nouveau coup de corne, il envoya son arme vers sa jugulaire. La lame émit un horrible craquement quand elle rencontra les chaires de l’animal. Celui s’effondra lentement sur le sol, se vidant de son sang, se livrant à une lente agonie. C’est à ce moment là que la terre se mit à tourner. Kale regarda ses mains. Elles étaient de nouveau couvertes de sang. Il avait encore tué. La vérité lui apparu plus glaciale et claire que jamais. Il n’y avait pas de nouvelle vie pour lui à l’extérieur. Qu’importe où il irait, il serait un tueur. Et ici, il n’y avait pas de règle. On tuait dans la rue. On s’affrontait. On mourrait dans la poussière sans que personne ne le remarque. Chez lui ce n’était qu’une fois chaque année, c’était organisé, cadré. Pas ici. Ici c’était bel et bien l’enfer. Finalement il n’aurait jamais du partir. Il valait mieux Venatio que cela. Et puis, cet énième combat ne venait-il pas de lui prouver qu’il pouvait encore le faire ? Il pouvait tuer. Encore. Il ne s’arrêterait jamais. Il en était mort de port et se sentait envahit par une affreuse nausée. Mais c’était sa réalité. C’était lui. Il était come ça. Alors, il fit volte face. Il ramassa son sac et prit ses jambes à son cou vers la clôture. Il replongea dans cette ouverture par laquelle il était passé. Il entra une nouvelle fois dans Venatio. Il ne lui restait plus qu’une seule chose à faire. Il allait revivre son cauchemar.







CHAPITRE 12






         Les yeux vitreux, Kale ne bougeait pas. Deux ans s’étaient écoulés depuis sa première participation aux jeux. Il était désormais vainqueur de deux éditions. Cette nuit était la dernière de juin. Dans moins d’une heure le premier mois d’été allait démarrer. Le mois des jeux. Kale était assis sur le sol de sa chambre, incapable de dormir, comme depuis deux ans. Si il avait été brisé après ses premiers jeux, Kale était maintenant anéanti. Tout ce qu’il avait été avait disparu. Il ne restait plus qu’une enveloppe corporelle, une façade. Un masque. Ce qui était autrefois ne noyau de lui même n’existait plus. Il ne savait plus qui il était, qui il avait été. Tout ce qui le rattachait encore à un semblant d’identité était ce rôle qu’il jouait. Alors il continuait de jouer la comédie pour que l’on ne se doute de rien. Il avait continué à parfaire son personnage, devenant de plus en plus crédible. Mais ce masque était creux. Il ne ressentait plus rien. Comme si la partie liée aux émotions de son cerveau avait disparue. Il était facile de mettre de la couleur sur une toile vierge. Alors il arrivait à modeler les expressions de son visage avec beaucoup plus de facilité qu’autrefois. Plus personne ne le connaissait vraiment. Lui même ne se connaissait plus. Tout ce qui le définissait maintenant, c’était cette liste effroyable de noms. Les noms de ceux à qui il avait oté la vie. Et cette simple chose le déchirait. Était abominable. Elle lui rongeait le ventre, la tête les os. Elle arrachait chaque partie de son corps. Lui donnait envie de plonger les doigts dans sa poitrine pour s’arracher le cœur et essayer de voir si il battait toujours. Il n’était même plus sûr d’être un être humain. Il était un shapeshifter. Un monstre assoiffé de sang. Une bête. Il était capable de tout mais incapable de vivre. Alors à cet instant il ne dormait pas. Il ne hurlait pas non plus. Il ne hurlait plus. Il était juste éveillé, sachant bien les raisons qui l’empêchait de se glisser dans le sommeil. Mais ces derniers temps il n’avait même plus la force d’essayer de dormir. Pour quelles raisons s’autoriserait-il du repos ? Il se contentait de s’asseoir, là, dans le noir, à attendre que le soleil réapparaisse.


         Kale en attendait beaucoup de la journée de demain.. Vainqueur de deux éditions, Il était à la tête des pronostics cette année. Il pouvait remercier son personnage. Sa popularité n’était pas seulement dû à ses talents de guerrier. Si il lui avait évité bien des ennuis le reste de l’année, il l’avait sauvé pendant ses seconds jeux. L’idée de devoir y retourner l’avait tétanisé pendant de nombreux mois. Il s’était torturé, avait reculé, hurlé. La simple idée de devoir y remettre les pieds suffisait à le faire vomir. Mais il n’avait pas le choix. Il n’avait pas pû partir. Il appartenait à Venatio. Finalement la perspective d’être de nouveau jeté dans l’arène lui avait paru bien plus douce que celle de vivre dans le monde extérieur. Il était donc resté et avait attendu la nouvelle édition des jeux. Il pensait que parce qu’il avait survécu à la première, la seconde ne pouvait être pire. Il était tombé bien bas. La traversé du désert n’avait fait que commencer. Désigné comme cible numéro une, Kale n’avait eu aucun moment de répit pendant la mêlée. Mais ce n’était qu’une partie de plaisir comparé aux face à face. Kale faisait tout son possible pour rendre son personnage crédible mais replongé dans l’univers du colisée, la tâche avait été bien plus difficile. Certains concurrents avaient donc décelé son point faible, son empathie. Si certains s’étaient contentés de se battre à la loyale avec lui, d’autres avaient tenté de faire appel à sa pitié pour mieux le poignarder dans le dos. Comme Victor. Il avait tenté plusieurs fois d’arrêter. De se laisser mourir. Mais il avait toujours une once de pensée envers sa famille. Il ne pouvait pas les condamner. C’était donc sa seconde victoire qui avait poussé à Kale à se retrancher de plus en plus derrière ce personnage nonchalant, sympathique mais surtout qui ne prenait rien au sérieux. Pas même les jeux. On était bien loin de la réalité.


         Rendu complètement apathique par sa seconde victoire, Kale se contentait de s’asseoir dans sa chambre et d’attendre. Il attendait la prochaine édition. Non il n’était pas devenu fou au point d’avoir hâte de tuer à nouveau. Il avait un autre plan. C’était lui qu’il allait tuer. Du moins c’était ce qu’il avait pensé au début. De toute façon, il était déjà mort. Tout ce qui restait de l’ancien Kale c’était cette façade grotesque derrière laquelle il se cachait. Il avait donc passé la moitié de l’année à attendre patiemment son heure. Il aurait pu en finir avec lui même bien avant mais ça n’avait pas de sens, pas de symbolique. Si il restait une once d’humour à Kale, elle était devenu bien noir. Si il n’avait pas décidé de se laisser mourir dans l’arène la seconde fois, c’était qu’il ne voulait pas condamner sa famille. Mais maintenant, qu’est-ce qu’il en avait à faire ? Ses parents le regardait à peine. Il avait peut-être gagné deux fois mais il était un échec pour eux. Il n’y avait qu’à regarder l’épave qu’il était devenu. Ils l’avaient réalisé le jour où ils avaient du l’assommer pour stopper une de ses crises. Sa famille lui était devenue étrangère. Il pouvait donc bien condamner deux étrangers, il en avait tué des dizaines. Un petit rire nerveux lui vint en pensant à cette perspective. On pouvait bien gagner trois fois les jeux, si on avait le malheur d’avoir un raté à la place d’un fils tout ça ne servait à rien. Autant savourer le spectacle et le regarder mourir de la façon la plus spectaculaire qui soit.


         Mais c’était d’une autre mort dont il voulait raconter l’histoire. La mort de son utopie. La mort de son existence. Sa mort aux yeux de tous. Vers le mois de mars, Kale s’était remit à penser à Ewilem. Mais plus largement qu’Ewilem. Au territoire des shapehifters. Qu’y avait-il de plus déshonorant qu’un fils déserteur ? Un vainqueur qui fuit le combat. C’était bien pire qu’un vainqueur mourant sur le champ de bataille. Rendre son existence la plus décevante possible était sa seule motivation pour cette nouvelle tentative d’évasion. Il voulait se tuer, mais plus que de disparaître il voulait s’anéantir. Ruiner tout les espoirs qu’on plaçait sur lui, donner à ce monstre qu’il était la fin abominable qu’il méritait. Mourir était la seule chose qui motivait sa vie. Maintenant qu’il avait accepté cette idée, il s’autorisait à penser au delà. Il s’imaginait ce qu’il ferrait si sa simple motivation n’était pas celle de mourir de la façon la plus sale possible. Dans ce territoire, Il y avait forcément des zones vides. Des endroits où personne ne le trouverait. Il n’en connaissait pas la superficie mais il y avait forcément un endroit adapté. Si ce monde était aussi sauvage qu’on le disait, une abomination comme lui y aurait sa place. Lorsqu’il s’était résolu à l’idée de quitter ce monde dans l’arène, il avait dressé une liste de toute ces choses qu’il ne ferait jamais puisqu’il allait mourir. Ces choses idiotes comme fonder une famille ou avancer dans une carrière, il s’en fichait complètement. Une seule chose lui était restée en tête. Il ne verrait jamais le monde extérieur. Il ne rencontrerait jamais ces shapehifters, ces êtres capables de changer de forme. Il en avait eu un avant-goût lors de sa tentative d’évasion qui l’avait terrifié. Il était sûrement devenu assez fou pour avoir cette curiosité morbide envers ces êtres de cauchemar. Bien sûr lui aussi en était un, mais l’idée de se transformer ne le tentait même pas. On l’avait trop contraint à ne pas le faire. Mais il pouvait au moins essayer de voir les autres le faire. Alors oui, bien sûr que c’était dangereux, sauvage, voué à l’échec, un vrai enfer. Mais il vivait déjà un enfer ici non ? Pourquoi ne pas tenter une petite variante ? Finalement organiser le spectacle de sa propre mort ne le tentait plus trop. Plus grand chose ne le tentait mais il préférait peut-être mourir à l’extérieur que ici. Et puis, de cette façon, il mourrait deux fois. Une première fois dans les conscience de ceux qui l’avait connu pour ensuite disparaître pour de bon, croupissant dans la boue, obtenant la fin qu’il méritait. Alors maintenant Kale attendait. Il attendait symboliquement le premier matin de juillet. Celui où tout avait commencé. Dans quelques heures une foule de jeune gens allaient se masser devant le colisée, prêt à commencer la 40ème éditions des jeux. L’évènement de leur vie. Kale allait emprunter un tout autre chemin. Il irait à contre courant, se faufilerait près de la clôture, là où il avait repéré cette brèche, celle qui allait lui permettre de partir. De sortir. Cette fois il partirait sans se retourner. Il avancerait, trouverait quelque chose à Ewilem avant de continuer sa route à la recherche d’un endroit désert. Cette fois il ne ferait pas marche arrière. Plus rien ne le retenait ici. Il allait jouer de son côté. Jouer à ses propres jeux.
Revenir en haut Aller en bas
Ra' Aden
Administratrice aux perso débiles
Administratrice aux perso débiles
Ra' Aden


Messages : 2686
Age : 23
Humeur :

Kale - Jeté dans l'arène Empty
MessageSujet: Re: Kale - Jeté dans l'arène   Kale - Jeté dans l'arène EmptyMar 9 Fév 2021 - 0:39

OH MY GOD C'EST ENFIN FINI JE N'Y CROYAIS PLUS !
Ça doit bien faire 4- 5 ans que cette histoire est en cours. Donc voilà l'histoire finale de Kale, n'hésitez pas à me donner votre avis si vous avez le courage de lire Kale - Jeté dans l'arène 1080878880
Revenir en haut Aller en bas
Elv
Membre du panthéon
Membre du panthéon
Elv


Messages : 2048
Age : 21
Humeur : La pêche!

Kale - Jeté dans l'arène Empty
MessageSujet: Re: Kale - Jeté dans l'arène   Kale - Jeté dans l'arène EmptyDim 14 Fév 2021 - 10:28

WAAAAAAAAWW Kale - Jeté dans l'arène 2643012016  je suis trop contente que tu l'aies finie! C'est très cool d'avoir son passé, surtout qu'il sort carrément de l'ordinaire haha! Ce serait intéressant de voir aussi ce qui lui arrive entre sa fuite de Venatio et son installation à Varkens (même si ça risque de pas être rose du tout)
En tout cas merci pour cette petite histoire, elle était très cool à suivre  Kale - Jeté dans l'arène 4118142339
Revenir en haut Aller en bas
Ra' Aden
Administratrice aux perso débiles
Administratrice aux perso débiles
Ra' Aden


Messages : 2686
Age : 23
Humeur :

Kale - Jeté dans l'arène Empty
MessageSujet: Re: Kale - Jeté dans l'arène   Kale - Jeté dans l'arène EmptyMar 16 Fév 2021 - 12:16

Oh ben merci de l'avoir suivie Kale - Jeté dans l'arène 4118142339
Oui je me tâte à l'écrire même si je pense qu'elle va encore plus hardcore que celle-là, je vais y réfléchir Laughing
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Kale - Jeté dans l'arène Empty
MessageSujet: Re: Kale - Jeté dans l'arène   Kale - Jeté dans l'arène Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Kale - Jeté dans l'arène
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Kale - Les apparences sont parfois trompeuses
» Disparaître dans la masse
» Ava - Agir dans l'ombre
» Wade - Dans le reflet du miroir
» Un retour dans la nature [EN PAUSE]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Legend of Shapeshifters :: Hors-jeu :: Histoire d'un jour-
Sauter vers: